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Réflexion sur la représentation visuelle de la souffrance humaine. La perception du public est également évoquée : l'exposition répétée aux images rend insensible, l'impuissance suscitée dégoûte du message. La question du voyeurisme se pose aussi, chaque image pouvant susciter une excitation malsaine. ©Electre 2024
L'un des traits distinctifs de la vie moderne est qu'elle dispense d'innombrables occasions de considérer (à distance, à travers le support de l'appareil photographique) les horreurs qui adviennent dans toutes les parties du monde. Les images d'atrocités sont devenues, par le biais de l'écran de télévision ou d'ordinateur, une sorte de lieu commun. Mais la description de la cruauté a-t-elle pour conséquence d'immuniser les spectateurs contre la violence ou de les y inciter ? Leur perception de la réalité est-elle érodée par le barrage quotidien des images ? Que signifie se sentir concerné par les souffrances des gens dans des zones de conflit lointaines ?
Il y a vingt-cinq ans, l'essai désormais classique de Susan Sontag, Sur la photographie, définissait les termes du débat. Le présent livre s'attache à reconsidérer en profondeur l'interaction qui s'opère entre l'«actualité», l'art et la manière dont nous comprenons la description contemporaine de la guerre et du désastre. On prête volontiers aux images le pouvoir d'inspirer la protestation, d'engendrer la violence ou de produire l'apathie : autant de thèses que Susan Sontag réévalue en retraçant la longue histoire de la représentation de la douleur des autres - depuis Désastres de la guerre de Goya jusqu'aux documents photographiques de la Guerre de Sécession, de la Première Guerre mondiale, du lynchage des Noirs dans le sud des États-Unis, de la guerre civile espagnole, des camps de concentration nazis jusqu'aux images contemporaines venues de Bosnie, de Sierra Leone, du Rwanda, d'Israël et de Palestine, ou de New York, le 11 septembre 2001.
Ce livre nous parle aussi de la manière dont on fait (et comprend) la guerre aujourd'hui, convoquant nombre d'exemples empruntés à l'histoire et quantité de thèses émanant de sources littéraires inattendues. Platon, Léonard de Vinci, Edmund Burke, Wordsworth, Baudelaire et Virginia Woolf participent tous à cette passionnante réflexion sur la vision moderne de la violence et de l'atrocité. L'ouvrage contient aussi une critique virulente du provincialisme de certains «experts» médiatiques qui dénigrent la réalité de la guerre et substituent à une intelligence politique du conflit un discours désinvolte prônant l'existence d'une nouvelle «société du spectacle» universelle. De même que Sur la photographie nous invitait à repenser la nature de notre modernité, Devant la douleur des autres modifiera notre appréciation non seulement des usages et de la signification des images, mais aussi de la nature de la guerre, des limites de la compassion et des obligations de la conscience.
Susan Sontag a récemment publié un recueil d'essais Where the Stress Falls (à paraître chez Christian Bourgois éditeur en 2004), et un roman En Amérique (Christian Bourgois éditeur, 2000), qui lui a valu le National Book Award en 2000. Elle est aussi l'auteur de trois romans, d'un recueil de nouvelles, de pièces de théâtre et de cinq essais, parmi lesquels Sur la photographie (Christian Bourgois éditeur) et La Maladie comme métaphore (Christian Bourgois éditeur). Elle a reçu en 2001 le prix de Jérusalem pour l'ensemble de son oeuvre et en 2003 le prix du Prince des Asturies et le prix de la Paix des libraires allemands.
Paru le : 26/09/2003
Thématique : Sociologie de l'information et de la communication
Auteur(s) : Auteur : Susan Sontag
Éditeur(s) :
Bourgois
Collection(s) : Non précisé.
Contributeur(s) : Traducteur : Fabienne Durand-Bogaert
Série(s) : Non précisé.
ISBN : Non précisé.
EAN13 : 9782267016949
Reliure : Broché
Pages : 138
Hauteur: 20.0 cm / Largeur 12.0 cm
Épaisseur: 1.0 cm
Poids: 162 g