Un coup de coeur de Mollat
Révélée aux lecteurs français lors de la publication en 1991 de son récit Les oranges ne sont pas les seuls fruits après une poignée de livres au succès relatif, Jeanette Winterson fait à nouveau l'actualité aujourd'hui, et ce pour notre plus grand bonheur. Dans ce premier récit autobiographique était déjà évoquée l'enfance traumatisée de l'auteur, entre une mère adoptive intransigeante, voire despotique, et un père totalement absent. Très tôt, l'avenir de la petite Jeanettte avait été décidé par cette femme évangéliste complètement obsédée par les Écritures Saintes (la Bible était d'ailleurs le seul livre autorisé à la maison) : elle serait missionnaire en Afrique.
Avec ce nouveau récit intitulé, Pourquoi être heureux quand on peut être normal, elle complète aujourd'hui son histoire et revient sur son parcours de femme et d'écrivain. Née à Manchester en 1959, elle a passé les seize premières années de sa vie à Accrington, petite ville ouvrière du Nord de l'Angleterre. C'est en se rendant en cachette à la bibliothèque qu'elle pu découvrir la les auteurs et les textes qui l'ont nourrie durant toutes ces années. Mais les choses se sont accélérées le jour où sa mère adoptive s'est rendue compte que la jeune fille avait une relation d'ordre homosexuel. Jetée dehors sans autre forme de procès, elle a été condamnée à vivre d'expédients pendant quelques années. Animée cependant par ce qui est vite devenu une véritable passion pour la littérature et soutenue par l'un de ses professeurs, elle est parvenue à intégrer Oxford et s'est lancée dans une carrière d'écrivain. Aujourd'hui considérée comme une véritable icône en Angleterre, cette grande dame doit son succès à sa force de caractère, son courage et sa persévérance.
A la lecture de Pourquoi être heureux quand on peut être normal, comment ne pas succomber au charme de ce personnage attachant s'il en est, et au flegme, somme toute très British, qu'elle parvient à conserver en toutes circonstances ? En France, elle vient d'ailleurs de se voir décerner le prix Marie-Claire du roman féminin pour ce superbe récit de vie, aussi inhabituel que touchant. Mais espérons que ce ne soit que le début, car elle mérite bien davantage !!!