Un coup de coeur de Mollat
L'intrigue est construite en chapitres alternés : d'un côté, le passé du personnage principal, Lara Quade (dont l'accident initial, le traumatisme majeur de l'enfance, l'histoire de sa famille), de l'autre son présent, les deux se répondant en écho. Car Lara, étrange fille abîmée et solitaire, au physique de poupée, qui dissimule ses cicatrices sous ses cheveux, essaie de survivre, comme elle le peut, à sa façon, dans une routine de travail universitaire qui se voudrait rassurante. Jusqu'au jour où elle reçoit un billet anonyme d'invitation à un concert. A partir de là, tout va se dérégler... et le lecteur, manipulé pour son plus grand plaisir, jusqu'à en être troublé, ne sait parfois plus quelle distinction opérer entre la part d'imaginaire de l'héroïne, sa paranoïa, ses fantasmes, ou la réalité... Du grand art !
Ultime surprise quand vous saurez que sous le pseudonyme de Lauren Kelly se cache la grande romancière américaine au talent protéiforme Joyce Carol Oates qui, de temps en temps, commet des romans policiers sous diverses identités - on se souvient de ceux écrits sous le nom de Rosamond Smith, malheureusement presque tous épuisés - sans parler de son oeuvre "plus littéraire", où chaque nouveau livre semble un défi, différent du précédent. Là, encore, elle surprend, et de quelle magistrale façon !