Au sommaire notamment : Le temps libre, une création paradoxale : entre l'Etat discret et les grandes espérances (P. Callé) ; De l'organisation des loisirs au temps libre : étude de la concordance des temps, 1936-1981 (M. Lassus) ; Le temps libre : un projet impossible ? (A. Henry) ; Le temps libre méritait-il un ministère ? (F. Tétard) ; Les relations culture-temps libre 1981-1983 (P. Moulinier). ©Electre 2024

Parmi les innovations qui suivirent la victoire électorale de la gauche en 1981 et l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand, peu de place est accordée, dans la mémoire collective comme dans les travaux des historiens, au ministère du Temps libre qui, de 1981 à 1983, dans le premier gouvernement Mauroy, unissait jeunesse et sports d'un côté et tourisme de l'autre à une nouvelle direction dite «du loisir social, de l'éducation populaire et des activités de pleine nature».

C'est ce défaut de mémoire que tentent aujourd'hui, à leur mesure, de pallier les Cahiers d'histoire; fidèles aux principes de notre comité, ils combinent dans ce numéro analyses historiques et témoignages d'acteurs. Ainsi André Henry, le ministre du Temps libre, comme nombre de ses collaborateurs ou de ceux qui, à un titre ou un autre - au ministère, en région, dans le monde syndical... - vécurent ces deux ans d'aventure, ont-ils accepté d'évoquer cette expérience lors d'une journée d'étude organisée à l'INJEP par le comité. On trouvera ici l'intégralité des débats de cette journée, auxquels s'ajoutent des contributions complémentaires qui observent cette époque à partir d'un angle de vue particulier (relations Culture / Temps libre, rattachement de l'EPS à l'Éducation nationale).

Créé dans l'improvisation mais préparé par toute une série de mouvements préalables au sein de la société «de gauche», structure tricéphale rassemblant à sa tête des personnalités (notamment André Henry, le ministre, et Edwige Avice, la ministre déléguée à la jeunesse et aux Sports) venues d'horizons et faisant partie de réseaux tout à fait différents, le nouveau ministère, dont les missions font explicitement écho à celles de Léo Lagrange en 1936, soulève de grandes espérances et veut avancer dans des directions - peut-être trop - nombreuses. Très vite, il se heurtera aux rigidités de l'Administration, à la relative méfiance des associations, parfois à la grogne des personnels - enfin au fameux «mur de l'argent» que stigmatise André Henry. À travers souvenirs, analyses et débats, ce sont ces deux années d'expérimentation, de combats, d'espoirs déçus que permet d'éclairer et de faire revivre ce nouveau numéro des Cahiers d'histoire.