Un coup de coeur de Mollat
On ne sait pas trop à quoi il ressemble mais cet homme est une boite à parfums. Dès qu'on l'ouvre toutes sortes d'essences se répandent et fleurissent sa boutique.
Bois de santal, iris de Florence, myrthe, huiles de coing ou de nénuphar, sa vie est un pot pourri de senteurs épicées ou sucrées. Ses gants parfumés à l'arôme subtil de rose séduiront la reine et il lui fabriquera des crèmes à l'oeillet, des pommades à la violette, des savonettes à l'ambre, diverses eaux de toilette, dont celle dite du "Trianon", adaptées aux sentiments et aux lieux chéris de celle-ci.
Elysabeth de Feydeau nous parle d'un personnage passionné, désireux de rendre les femmes plus belles ; mais elle nous dépeint aussi les travers d'une société de cour gourmande de modes nouvelles. On la suit alors dans le dédale du protocole de la Maison de la Reine, lors du lever ou de la toilette de Marie-Antoinette entourée de ses dames d'honneur, dame d'atour, surintendante, gouvernante, dames du palais...
La révolution viendra bouleverser cet ordre transformant les effluves délicates de la jonquille en odeurs âcres et brûlées. Jean-Louis Fargeon restera fidèle à la reine en lui fournissant jusqu'aux derniers moments des eaux revigorantes ou de l'eau de vie de lavande contre l'angoisse.
C'est l'histoire d'un grand "Parfumeur-Gantier" qui échappera à la guillotine, aura plusieurs succursales (dont une à Bordeaux) et qui écrira un traité de parfumerie en 1801 : "L'art du parfumeur ou Traité complet de la préparation des parfums, cosmétiques, pommades, pastilles, odeurs, huiles antiques, essences contenant plusieurs secrets nouveaux pour embellir et conserver le teint des dames, effacer les taches et les rides du visage."