Un coup de coeur de Mollat
Après une formation d'ingénieur, Fadanelli abandonne vite ses études. Nourri de John Fante et de Charles Bukowski, il bourlingue, fait des petits boulots - on le retrouve vendeur d'arbres de Noël dans les rues de New York, employé dans une pâtisserie à Madrid - et se lance dans l'écriture. Selon lui, un récit doit être "un dessin aux traits forts et hardis, résultat d'un regard patient et, seulement en apparence, distant". Aux antipodes de Carlos Fuentes et de Gabriel Garcia Marquez, il fait partie du "groupe du Crack" - mouvement d'écrivains provocateurs nés dans les années 60 parmi lesquels on trouve Jorge Volpi, Ignacio Padilla, Eloy Urroz. On lui prête volontiers la figure de "pape de la littérature trash". En effet Fadanelli s'inscrit dans un courant latino-américain voire américain, dont les lignes dominantes seraient dictées par une subversion existante entre la réalité et la litterature
On peut sans conteste le classer aux côtés de du cubain Pedro Juan Gutierrez ou du salvadorien Horacio Castellanos Moya.
Salué par la critique, Fadanelli obtient en 1998 le Prix National de Littérature pour L'autre visage de Rock Hudson (seul roman de lui à ce jour traduit en français). Le recueil de nouvelles Un scorpion en février, paru simultanément, condense toutes ces qualités : il accumule de très brefs textes à l'intensité rageuse, vindicative, violente qui ne concède rien à ce désir de "chuter" que réclame le genre. On voudrait rire qu'on n'en a pas le temps. La littérature mexicaine et plus généralement celle d'Amérique centrale recèle quelques trésors perfides qu'il serait temps que les européens, trop soucieux d'avoir une fois pour toutes figé dans le marbre cette littérature lointaine derrière de grandes statues d'écrivains morts ou vieillissants, découvrent.