Pour l'historien d'art allemand, histoire des idées et histoire des formes ne font qu'un ; la peinture et les pratiques religieuses s'influencent en fait étroitement. Cet essai ouvre en quelque sorte la perspective refermée pour le XVe siècle par Sixten Ringbom (De l'icône à la scène narrative) et en constitue le prélude théorique et historique. ©Electre 2024

La traduction de L'Image et son public au Moyen Age va enfin porter à la connaissance du public français ce texte qui a accédé, dès sa publication en 1981, au rang de classique incontournable.

Pour Hans Belting, histoire des idées et histoire des formes ne font qu'un ; Ioin d'évoluer de manière autonome, la peinture et les pratiques religieuses s'influencent en fait étroitement. Cet essai de l'historien d'art allemand ouvre en quelque sorte la perspective refermée pour le XV^e siècle par Sixten Ringbom dans De l'icône à la scène narrative (ouvrage publié dans cette collection) ; il en constitue en quelque sorte le prélude théorique et historique : l'Italie du XIII^e siècle est désormais au centre du débat.

Période marquée par l'émergence des ordres mendiants et les nouvelles pratiques religieuses qui en découlent, le Duecento représente un moment crucial dans l'histoire de l'art occidental : il voit l'acceptation définitive de l'image dans notre culture.

Les contacts avec l'Orient grec et l'importation d'icônes byzantines en Italie constituent l'épicentre de cette approche pluridisciplinaire. La réception des icônes, l'assimilation puis les métamorphoses qu'elles subiront dans la peinture religieuse sur panneau, confrontent l'œuvre d'art à sa fonction.

A travers quelques thèmes privilégiés, la Passion et le portrait du Christ, l'auteur met en lumière les inflexions psychologiques qui définirent à l'époque la relation nouvelle du spectateur médiéval aux peintures de dévotion.

Ainsi, c'est non seulement un panorama de la peinture italienne du XIII^e siècle que propose Hans Belting, mais aussi et surtout une analyse des fondements esthétiques de la représentation. Le lecteur du XX^e siècle pourra ainsi se sentir plus proche du dévot médiéval et concevoir de l'intérieur la nature du regard des hommes de ce temps. Comment aboutir au portrait véridique du Christ ? De quelle façon le croyant pouvait-il s'identifier au personnage souffrant représenté ? Par des concepts théoriques modernes, l'auteur répond magistralement à ces questions essentielles à l'histoire de l'art d'aujourd'hui.