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Un coup de coeur de Mollat
Où l'on apprend que le sexe s'accomode mal du second degré...
Quel rapport y-a-t'il entre ironie et érotisme ? A première vue aucun. Si je vous dis quelque chose de façon ironique, cela vous laisse entendre le contraire de ce que je dis, sans que vous ne puissez pour autant être sûr que je suppose et soutient ce contraire... L'ironie marque en cela une relation mouvante et dynamique au sens. On ne peut pas la contenir. Comme le constate très justement Halperin dans cet ouvrage, "Aucun mot, aucune phrase, aucun propos ni aucune question n'en sortent indemnes. Il n'y a jamais moyen de savoir à l'avance si le sens d'un énoncé ne va pas se révéler avoir été entamé par l'ironie". Mais si l'ironie est potentiellement omniprésente et omnipotente dans ce champ du langage, certaines expériences sont pourtant incompatibles avec elle. "Les trois expériences cardinales qui exigent l'élimination de l'ironie, ou ce qui ne peut en réchapper sont la souffrance à l'état brut, le transport religieux, la passion sexuelle".
La passion sexuelle dans son intensité est réputée pour rendre imperméable à l'appel de la réalité. "Dans les backrooms, les saunas et les sex clubs personne ne sourit en draguant". Le sourire renvoit à une forme de sociabilité, alors les relations sexuelles n'ont rien de sociable : il n'y a rien de poli, ni d'amical, ni de bon enfant dans le désir d'effacer les limites qui séparent deux individus. Pour que le plaisir sexuel se réalise, il faut au contraire ignorer absolument tout contexte social. Dans cette univocité du sens, pas de place pour l'ironie.
Les ...six remarques sur l'eros platonicien de David Halperin, nous proposent de revisiter les thèses de Platon relatives à l'ironie et à l'érotisme. Peut-être ne voyez-vous pas le rapport entre Platon et les backrooms ? Le texte de David Halperin est ainsi ponctué de curiosités intellectuelles et existentielles... Bonne lecture !