Analyse la dynamique de l'intégration supranationale européenne avec pour objectif de comprendre pourquoi l'espace des marchés nationaux européens est devenu trop étroit au point de transférer à un échelon supranational la plus grande partie de la souveraineté nationale sur les questions économiques. Montre ainsi que la construction européenne est d'abord un fait économique. ©Electre 2024

Les trois grands processus d'intégration continentaux - Europe, Amérique du Nord et Asie de l'Est - déterminent-ils aujourd'hui une plus grande libéralisation du commerce et des investissements au niveau multilatéral, et, par là même, une diminution des interventions étatiques dans le fonctionnement de la production et des échanges internationaux? Peut-on dès lors parler d'obsolescence de l'Etat Nation? Doit-on envisager sa disparition au profit d'institutions infranationales? Ou bien faut-il y voir au contraire, une consolidation et une centralisation territoriale des appareils d'Etat à l'échelle continentale, laissant émerger une forme d'Etat continent?

Pour aborder ces questions, l'auteur analyse la dynamique à l'origine du plus ancien processus d'intégration supranational, celui du continent européen. Il s'agit de savoir pourquoi l'espace des marchés nationaux européens est devenu trop étroit au point de pousser les dirigeants économiques et politiques de plusieurs nations européennes à s'engager dans un processus de négociation difficile visant à transférer à un échelon supranational la plus grande partie de la souveraineté nationale sur les questions économiques.

Cet ouvrage vise à démontrer que la construction européenne - de la création de la CECA jusqu'au récent élargissement à l'Est - s'est effectuée dans un cadre dont les contours ont été définis par les besoins des grandes multinationales européennes qui ont dû adapter leurs processus de production aux changements technologiques pour continuer à rivaliser avec leurs concurrents géants d'Outre-Atlantique. La vague de changements technologiques qui survient à la fin du XIX^e siècle permet l'intégration d'un vaste marché intérieur aux Etats-Unis. Ce marché d'une taille sans précédent donne naissance à des firmes américaines géantes qui établissent un nombre croissant de filiales en Europe dès la première décennie du 20^ème siècle. Face à cette «invasion commerciale américaine», créer un marché intégré européen devient une obsession pour de nombreux industriels et politiciens de l'époque, qui y voient un moyen pour les plus grandes firmes européennes d'atteindre la taille de leurs concurrentes américaines. Cette dynamique s'avère à l'origine des deux conflits qui ont ravagé l'Europe.

«De l'intégration nationale à l'intégration continentale» est la version vulgarisée de la thèse de doctorat soutenue par l'auteur à l'Université Libre de Bruxelles.