Le sort des parents du prophète Mahomet, Amina et Abdallah, morts avant le commencement du message de leur fils, donc réputés païens et de ce fait condamnés à l'enfer selon la tradition, a suscité de nombreux débats dans le monde musulman. Le cheikh soufi bosniaque nommé Abdi Efendi (1584-1644) a introduit un nouvel élément dans la discussion, le Nûr Muhammad, une essence prophétique. ©Electre 2024

Le sort des parents du prophète Muhammad dans l'éternité occupa de nombreuses générations de savants musulmans et de simples croyants. (...)mina et 'Abdall(...)h étaient morts avant le commencement du message de leur fils, c'est-à-dire qu'ils moururent pendant la (...)hiliyya, le temps de l'ignorance, en païens. L'intérêt des premiers convertis à l'islam pour leur destin dans l'au-delà relevait certainement moins d'une curiosité intellectuelle que du souci de savoir quel serait le sort leurs propres parents, eux-mêmes morts avant de connaître la seule doctrine garantissant l'accès au Paradis. Un had(...)t sans pitié condamne à l'enfer tous ceux qui meurent sans être musulmans; y compris les parents du Prophète. Il relève de la collection de traditions de Muslim, du Sah(...)h ((...)m(...n 347), reconnue comme une autorité orthodoxe et incontestable. « Ton père et mon père sont en enfer » aurait dit le Prophète à un bédouin. Avec le temps cette position trop rigoureuse a été ressentie comme insupportable par l'umma. Des traditions moins sévères ou évitant une réponse univoque apparurent, et des savants disposant d'une érudition étendue comme al-Suy(...)t(...) ont cherché partout des traditions faisant valoir des circonstances atténuantes à ces païens malgré eux. Reste la question de savoir comment le plus pur des êtres créés, le prophète Muhammad, pouvait provenir de la « saleté des polythéistes » (S. 9, 28). Ce problème suscita de grandes discussions à Istanbul pendant la première moitié du XVII^e siècle. Le célèbre bibliographe contemporain des événements, H(...) Hal(...)fa (Kâtip Çelebi, 1609-1657), rend compte de ce débat dans son autobiographie « La balance de la vérité ». Un autre contemporain, 'Abd(...) Effend(...) (1584-1644), cheikh de la Bayramiyye et écrivain de l'école spirituelle d'Ibn al-'Arab(...), a introduit un nouvel élément dans la discussion, le N(...)r Muhammad, une substance lumineuse, l'essence prophétique que Dieu a déposée dans le corps d'Adam, le premier prophète, et qui se transmit de génération en génération pour arriver finalement chez 'Abdall(...)h, le père du dernier prophète. Ainsi, il y avait toujours quelqu'un au monde qui gardait le tawh(...)d contre toute tentation de polythéisme.