S'appuyant sur le journal de J. Lambertz, protestant et négociant d'origine allemande, les auteurs font revivre la ville de La Rochelle à l'époque des Lumières et décrivent une société en pleine mutation. Passionné de météorologie, Lambertz produit une série de données qui permettent d'établir une histoire de cette science à cette période et de montrer les relations entre climat et société. ©Electre 2024

Négociant et météorologue, Jacob Lambertz, témoin de son temps

D'origine allemande, protestant et négociant en grains et cognac, Jacob Lambertz (1733-1813) fait partie des personnalités marquantes de La Rochelle. Remarquablement intégré dans sa ville, il en est un observateur attentif et sa position de notable éclairé en fait un témoin précieux des événements révolutionnaires qui agitent le pays rochelais.

En parfait « honnête homme » des Lumières, Jacob Lambertz a aussi une passion : celle de la météorologie. Chaque matin et chaque après-midi, pendant près de vingt ans, il relève les températures. Il note également le temps qu'il fait, en particulier lorsqu'il influe sur les prix des denrées agricoles, que soigneusement il consigne. Ainsi prend corps un véritable Journal qu'il enrichit d'annotations sur la société rochelaise, ses fêtes et ses malheurs, sa vie politique et l'évolution de son activité portuaire.

Prenant appui sur le Journal, une quinzaine d'historiens font revivre La Rochelle à une période marquée par de multiples ruptures qui affectent sa société et son économie, dont évidemment la « Révolution » est un des aspects. Ce bouillonnement d'idées et cette accumulation de changements apparaissent comme une des caractéristiques majeures du Journal de Lambertz : d'où le terme « révolutions » dans le titre de ce livre. Une vision à la fois centrée sur un personnage et ouvrant d'étonnantes perspectives sur le pays charentais à la fin du XVIII^e siècle...

Par ailleurs, les développements récents de l'histoire climatique, qui doivent tant aux travaux d'Emmanuel Le Roy Ladurie, son père fondateur, ne pouvaient ignorer le corpus exceptionnel constitué par les notations météorologiques de Jacob Lambertz. C'est l'aspect « climat » du titre, l'apport le plus original de l'ouvrage.

Les dérangements du climat ne sont-ils pas une des préoccupations habituelles de toutes les époques ? Il en était de même en cette fin du XVIII^e siècle que caractérise l'accélération de l'histoire imposée par la Révolution française. Le Journal de Lambertz offre ainsi une mise en perspective historique des mutations actuelles de notre société, liées notamment à la question des changements climatiques...