Offre, à partir de témoignages d'anciens combattants, un hommage à Michaël Trotobas, alias capitaine Michel, devenu le symbole de la Résistance dans le Nord-Pas-de-Calais et au sein des réseaux Action-Buckmaster des Forces françaises combattantes. ©Electre 2024

Danièle Lheureux est une historienne autodidacte. Reprenant des études en 1985, elle se prend de passion pour l'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale, en particulier pour la Résistance. Malgré les efforts des historiens, de nombreuses pages restent encore à écrire sur le sujet, parmi elles celles concernant les réseaux «Action-Buckmaster» en France. Longtemps ignorés par la recherche officielle à cause de leur origine franco-britannique, ces femmes et ces hommes ont largement contribué au combat clandestin qui a conduit à la défaite de l'occupant et à la Libération de notre pays. Le parcours du capitaine Trotobas montre la détermination et l'obstination qui ont animé ces combattants.

Après sa participation à la campagne de France au sein de la British Expeditionary Force, rapatrié grâce à l'opération Dynamo, il intégra le S.O.E. (Special Operations Executive) créé par Winston Churchill. Arrivé en Indre avec six compagnons, Michaël Trotobas fut arrêté à Tours. Transféré à la prison de Périgueux, interné ensuite au camp de Mauzac, il s'évada avec seize co-détenus le 16 juillet 1942. Dès son retour à Londres, il demanda une nouvelle mission. Parachuté près d'Orléans en novembre, il se dirigea, via Paris et l'Aisne, vers Lille où, sous le nom de capitaine «Michel», il créa «Sylvestre-Farmer» appelé aussi «W.O.» qui couvrit tous les aspects de la Résistance : Réseau de renseignement, il fournit à Londres de précieuses informations afin d'éviter que des bombardements imprécis atteignent la population civile ou détruisent inutilement des ouvrages d'art. Sa filière d'évasion permit à de nombreuses personnes en danger sur le sol français, dont plus d'une centaine d'aviateurs alliés, de se rendre ou de retourner en Grande-Bretagne. Mais son secteur le plus important reste l'Action. Sous la direction de leur chef, les résistants organisèrent ou participèrent à de nombreux sabotages ou actions contre les forces d'occupation. Parmi les plus importants, citons les sabotages des usines de Fives-Lille qui fabriquaient des locomotives pour l'armée allemande, des établissements Desmet à Thumesnil, fournisseur de postes-émetteurs et de pièces pour la D.C.A. ennemie, des voies navigables qui, en bloquant les péniches chargées des matériaux, ralentirent les travaux de l'organisation Todt, les nombreuses actions sur tous les moyens de communications : téléphone, routes, voies et matériel ferroviaires qui entravèrent ou désorganisèrent la circulation de l'ennemi, ...

Comme les autres groupes de résistance, les membres de «Sylvestre-Farmer» eurent à subir la répression terrible de la gestapo, de l'abwehr. Arrêtés, malgré les tortures, presque tous restèrent muets respectant le serment prêté lors de leur engagement dans l'organisation. Certains furent exécutés, d'autres déportés, beaucoup, dont le capitaine Trotobas, y sacrifièrent leur vie. Devenu une figure légendaire de la Résistance dans la région du Nord-Pas de Calais, «Michel» repose avec quelques-uns de ses compagnons dans le monument érigé à la mémoire des morts du réseau au Cimetière de Lille-Sud.

Les archives départementales étant muettes sur le sujet, Danièle Lheureux a parcouru la France afin de retrouver les Anciens dispersés dans l'hexagone. Elle a recueilli des témoignages, compulsé les rapports et archives qui lui ont été remis, travail de fourmi indispensable pour restituer un pan ignoré de notre histoire.

Ce livre est le premier tome de ce beau travail qui restitue l'action de femmes et d'hommes qui n'ont pas eu peur de sacrifier leur confort et leur vie pour que la France demeure indépendante.