L'histoire insolite de la vie de Paul Démarais, pharmacien et l'inventeur du remède Passocéan. Retrace le parcours du pharmacien, mais aussi d'homme ambitieux féru de politique. ©Electre 2024

Né à Saint-Pierre de Bénouville, près de Dieppe (Seine-Maritime) le 2 décembre 1872, Paul Démarais est resté dans la mémoire normande comme un original, dont la candidature aux présidentielles de 1939 constitue un des plus hauts faits.

Le 5 mai 1939, jour des élections, députés et sénateurs se rassemblent en congrès à Versailles pour désigner le président, en vertu des règles constitutionnelles alors en vigueur.

Paul Démarais loue un taxi et il part pour la cité du Roi Soleil, accompagné de deux marins faisant office de gardes du corps. Arrivé à Versailles, il fait enregistrer sa candidature et commence sa campagne sur la place d'armes en placardant ses affiches.

Un officier de la garde intrigué l'interpelle. Paul Démarais lui demande quand on prononce les discours. L'autre lui demande de le suivre. Evincé du palais par la force, notre brave candidat est conduit au poste pour une garde à vue. Sa voiture est perquisitionnée. On y trouve une canne à pêche au bout de laquelle a été fixé un canif : curieuse pique révolutionnaire ! Au commissariat de police, il a rejoint six autres candidats fantaisistes avec lesquels il déjeune et échange des discours.

Pendant ce temps, les élections officielles ont lieu et Albert Lebrun est triomphalement reconduit. Seul un député ayant le goût de l'imposture, le Pevedic, donne sa voix à Paul Démarais. L'honneur est donc sauf. Libéré le soir, notre héros boit le champagne avec ses deux gardes du corps et prend le chemin du retour à Honfleur. Le lendemain, la foule des Honfleurais est devant la pharmacie à acclamer le "président Démarais" qui salue ses admirateurs depuis sa fenêtre.

"Les politiciens m'ont coffré pour que je ne sois pas élu", déclare-t-il. Il se dit victime d'une fraude électorale et "seul président de la République élu dans l'honneur".