Souvent occultés, la torture et les supplices participaient pourtant de l'univers quotidien des citoyens de la Grèce antique, surgissant dans leur vie culturelle, au théâtre ou à l'écoute des mythes, s'affirmant dans leur vie sociale, dans la pénalité en vigueur comme dans l'investigation judiciaire. Une étude fondée sur l'imagerie, les témoignages littéraires et les gloses. ©Electre 2024

La luxuriance du vocabulaire propre à désigner les instruments de détention, l'obtention des témoignages serviles sous la contrainte, la valeur magique accordée à la souillure, la transposition dans l'art des châtiments mythiques selon les modalités de la pénalité réelle ainsi que leur simulation sur la scène théâtrale, en disent long sur la familiarité des Grecs avec les tourments et les peines. Cette proximité, souvent occultée, vécue dans le quotidien et exprimée dans la fiction, trahit aussi les phantasmes et les sentiments collectifs face à la répression qui, toujours, conserva dans la forme des exécutions capitales un caractère ordalique. Jamais prise en compte dans les ouvrages qui traitent de ces questions, l'imagerie a nourri la matière de ce livre, fondé au demeurant sur l'étude des realia, des témoignages littéraires et des gloses. Par la confrontation de sources aussi diverses, l'auteur élargit le champ des connaissances techniques relatives à l'instrumental carcéral et aux modalités de l'exposition au poteau.

Monique Halm-Tisserant, diplômée de l'Institut d'Etudes Politiques de Strasbourg, docteur en sciences de l'Antiquité, a enseigné l'archéologie et l'histoire de l'art grecques à l'Université de Strasbourg, puis à l'Université de Franche-Comté. Elle est aujourd'hui membre de l'UMR 7044 (CNRS), dont les recherches portent plus particulièrement sur les arts visuels. Elle est l'auteur de deux ouvrages (Cannibalisme et immortalité et Le Peintre de Cléophon) ainsi que de nombreux articles consacrés à l'iconographie des grands mythes, aux problématiques de la représentation figurée (mimésis, espace, échelles, mouvement) ainsi qu'à la critique et à la philosophie de l'esthétique antiques.

Cet ouvrage a obtenu le Prix Zôgrapohos, décerné par l'Association des Etudes Grecques en 2000.