Œuvre de référence s'il en est, le livre de F. Fenouillet, consacré à «la petite ville de Seyssel, située sur les deux rives du Rhône (qui) présente cette particularité remarquable de former deux communes et portant le même nom», n'est pas seulement le récit de l'évolution de cette singularité à travers les âges (réunion à la France en 1536, retour à la Savoie en 1559, séparation entre Seyssel-France et Seyssel-Savoie en 1760, réunion en 1794 et scission définitive en 1815), mais aussi, et surtout, celui de l'histoire de la ville dans son intégralité, depuis les origines (très anciennes : les Allobroges, le passage des Alpes par Annibal et la conquête romaine) jusqu'à l'époque contemporaine qui voit le rattachement de la Savoie à la France (1860). Plus de vingt siècles de péripéties guerrières, politiques, administratives, religieuses, commerciales et industrielles, au cours desquels la cité au double destin fut d'abord une colonie romaine (Seyssellum), avec des temples et des édifices publics, puis une ville du premier royaume de Bourgogne (V^e siècle) - dont la capitale était Genève - avant de tomber sous la domination des Francs (Mérovingiens et Carolingiens), de faire partie du second royaume de Bourgogne (Charles le Chauve, au IX^e siècle), de subir les invasions des Hongrois et des Sarrasins qui laissèrent longtemps des traces et d'être gouvernée par les barons de Seyssel qui jouirent, pendant plusieurs siècles, de la faveur des princes de Savoie.

La fondation du prieuré des bénédictins (XI^e siècle), les franchises accordées aux Seysselans (XII^e siècle), qui leur permirent la perception et l'utilisation des revenus et l'établissement des règlements en toute liberté, jusqu'au règne de Louis XIV, l'importance du commerce et de l'industrie (embarquement et débarquement sur le Rhône, à Seyssel, de très nombreuses marchandises) et l'érection de la Savoie en duché (fêtes dans la cité) apparaissent comme les faits les plus marquants de la période médiévale postérieure. Par la suite, c'est l'extinction du prieuré (XVI^e siècle), l'élévation de Seyssel au titre de chef-lieu d'un archiprêtré (1582), l'implantation de maisons religieuses (visitandines, bernardines, capucins, au XVII^e siècle) et la prospérité de la ville avant la Révolution qui représentèrent les aspects essentiels des activités intra-muros pendant l'époque moderne. Enfin, malgré les désordres révolutionnaires et l'union, puis la séparation des deux parties de Seyssel, le culte catholique fut rétabli, de grands travaux d'urbanisme furent réalisés au XIX^e siècle (quais, routes, tunnels, port, digue, voie ferrée...), l'instruction progressa sensiblement et les liens furent encore renforcés entre «les deux moitiés de la ville».