Histoire de la lente renaissance de la Somme après les dégâts occasionnés par la Première Guerre mondiale qui détruisit plus de 380 villages et affecta des sinistrés prêts à tout pour reconstruire leurs demeures. ©Electre 2024

11 novembre 1918, la Première Guerre mondiale s'achève, cependant un nouveau combat attend les sinistrés de la Somme. Sur une terre bouleversée, jonchée de débris, de cadavres, et d'engins de guerre, plus de 380 villages sont à réparer, et 104 d'entre eux, principalement situés en Haute-Somme, sont entièrement à reconstruire.

Il semble alors inconcevable pour l'Etat que les hommes et les femmes qui vivaient sur ce sol - désormais empoisonné - acceptent de s'y réinstaller. C'est pourtant par milliers que ces Picards viennent découvrir l'ampleur des dégâts. Ils sont chez eux parmi ces ruines qu'ils inspectent fébrilement dans l'espoir d'y retrouver tel ou tel objet abandonné lors du départ. Et déjà, ils prennent leur décision : ils recommenceront. Que pourraient-ils faire d'autre ?

La France, à genoux après quatre années de conflit sur son sol, va devoir faire bien des efforts pour trouver le financement et les travailleurs nécessaires.

Combien de villageois de la Somme savent aujourd'hui ce qu'ils doivent à cette reconstruction, ce qu'elle leur a apporté ? Combien ne soupçonnent pas les joies et les drames qui se jouèrent à côté de chez eux, lorsqu'il fallait se battre contre l'adversité et contre l'Etat pour avoir simplement le droit de suivre les traces d'un père ou d'un grand-père ?

«Ce n'est pas à l'étude de la Somme détruite que David de Sousa s'attache dans ce livre : c'est à sa renaissance, c'est à sa reconstruction. Ce travail procède bien sûr d'une recherche dans les archives administratives, d'un travail sur documents écrits, mais aussi [...] d'une patiente enquête sur le terrain : recherche des bâtiments provisoires encore existants, visite des maisons, rencontre des habitants, mise au jour d'une mémoire orale de la reconstruction. C'est une histoire de plein air que l'on lira ici, une histoire qui a su prendre la clef des champs. Il y fallait une grande énergie, et beaucoup d'amour pour un pays.» (Stéphane Audoin-Rouzeau)