Retrace les évènements qui bouleversent le Maine-et-Loire en 1793, quand s'affrontent les hommes du bocage vendéen, frères en religion, et les vignerons saumurois, paysans farouches et fervents défenseurs de la République. Une occasion de présenter la société vigneronne du XVIIIe siècle en Anjou, ainsi que sa participation à une rupture culturelle dans cette province. ©Electre 2025

Le Maine-et-Loire est un département apparemment paisible, aux paysages veloutés, doux, apaisants, seulement rythmés par la Loire... Pourtant, en 1793, une guerre civile terrible déchire les familles et oppose la région ouest du bocage à la région ouest du vignoble.

Cette guerre fratricide se prolonge dans l'histoire et trouve son origine dans un mode de vie très différent. Du côté républicain se battent les vignerons saumurois, paysans souvent troglodytes, aptes au commerce et à la diplomatie, mais farouches patriotes; de l'autre les «Vendéens» homme du bocage, aux valeurs plus revendiquées, tourmentés par la religion. Entre ces deux extrêmes, la fragile région du Layon, tenant à la fois d'un parti et de l'autre, ne peut choisir.

Comment et pourquoi ces vignerons ont-ils sauvé la République naissante, participant à engluer la masse des hommes de l'Ouest dans une nasse sans fond? Quels avantages espérés de cette opposition farouche?

Impossible d'explorer les âmes au moment des levées en masse de 1793, mais une suite d'indices se prolonge sur plusieurs siècles pour nous dire combien, parmi les provinces viticoles de France l'Anjou occupe une place à part en raison de ce moment précis de l'Histoire.

La querelle n'a jamais vraiment cessé entre l'ouest et l'est du département de Maine-et-Loire actuel: Saumur, la petite capitale ligérienne a entraîné à sa suite une région où le sentiment d'appartenance, rarement revendiqué, constitue un ciment fort et où l'aisance est perceptible sur la façade de la moindre maison, dûe pour une bonne part au commerce de vin. Bien plus, grâce au propriétaires terriens, micro-paysans, vignerons pour la plupart, la contre-révolution n'a pu dépasser le Layon, s'épuisant en Saumurois.

Dans ce livre l'auteur examine donc en profondeur la société vigneronne du XVIII^e siècle en Anjou et relève les raisons de cette fracture, car, au delà du savoir-faire du vigneron, capacité non totalement spécifique dans le monde paysan, on doit lui reconnaître une habileté bien plus manuelle, une façon de voir le monde qui a participé à la rupture géographique et culturelle durable de la Douce Province.