Namur, Bruxelles et Paris sont, tour à tour les villes de formation et de création de Félicien Rops. L'artiste présente de nombreuses facettes : son rapport au réalisme, à l'illustration, à la décadence, ses lithographies, ses contacts avec les écrivains : Baudelaire, les Goncourt, Barbey d'Aurevilly, Péladan. Enfin, sa correspondance truculente, critique de son temps. ©Electre 2024

Longtemps réduit à sa réputation d'artiste érotique et sulfureux, Félicien Rops (1833-1898) mérite bien mieux qu'une simple curiosité anecdotique. Cet artiste étonnant fut un être à tout le moins complexe, fasciné par la femme, l'amour et la mort, par la vie en somme. Partisan de l'excessif, plus volontiers sur le fil de ses paradoxes que réfugié au sein d'un confortable juste milieu, il proclamait sa « haine des tiédeurs » et classait le monde en « Ropsophiles » qui admettaient et respectaient ses dessins « dans leur entièreté, aussi peu respectables soient-ils » et les « Ropsophobes » contre lesquels il entendait se « défendre énergiquement ». Propos catégorique qui déconcerte encore plus d'un siècle plus tard et que l'on ne peut s'empêcher de lier à l'appréhension d'une oeuvre sans concession au goût « du plus grand nombre ». Car là est la gageure : entrer dans une création que l'artiste lui-même semble avoir voulu tenir à l'écart du public.

Mais à ceux qui franchissent le pas s'ouvre un univers à la diversité insoupçonnée dont les ressorts les plus inattendus sont sans doute une constante poétique du décalage et un humour ravageur au plein sens du terme.

« Rops suis aultre ne veulx estre » proclamera cet artiste inclassable, captivé par la création sous toutes ses formes. Fin graveur, dessinateur innovant, illustrateur amoureux de l'écrit, peintre épris de plein air, épistolier magistral, voyageur insatiable... Rops multiple en prise avec son temps. Rops toujours « vivant et vibrant » au coeur de notre temps.

Cet ouvrage propose une lecture nouvelle de cette oeuvre foisonnante. Une lecture qui souligne la réelle originalité de Rops, sa capacité à se jouer d'influences multiples pour les passer au crible d'une intelligence redoutable et d'une maîtrise consommée de son art.

Le 23 août 1898, Félicien Rops mourait dans sa propriété de La Demi-Lune, à Corbeil-Essonnes, près de Paris. Parmi les manifestations organisées à l'occasion du centenaire du décès de l'artiste, trois expositions se tiendront successivement à Namur (Maison de la culture), Corbeil-Essonnes (Commanderie Saint-Jean) et Québec (Musée du Québec). La conception de cet ouvrage a été de pair avec celle de ces vastes rétrospectives qu'il accompagnera. Ce volume propose de l'oeuvre de Rops une approche inédite confiée à une équipe de treize auteurs issus tant du monde muséal que des universités.