Ellsworth Kelly a créé une oeuvre personnelle mise en correspondance face au tableau de Paul Cézanne, L'Estaque, dans une salle du musée le temps d'une exposition en 2008-2009. Ce catalogue est complété d'un entretien avec le peintre abstrait américain et de commentaires critiques. ©Electre 2024

J'éloigne automatiquement l'idée de ce que je suis en train de regarder.
Je joue avec ce que je vois, j'oublie ce que c'est, de quelle couleur c'est,
Je ne perçois que les changements qui interviennent lorsque je me déplace.
Je ne regarde pas avec un esprit pensant mais avec les seules possibilités de ma vision. Autour de l'objet même, ou de la forme, j'aperçois la périphérie, j'enregistre le jeu des configurations. - Ellsworth Kelly, 1992.

À l'invitation du musée d'Orsay, des artistes d'aujourd'hui dialoguent avec les collections en choisissant l'oeuvre de laquelle ils se sentent proches. Naît ainsi la possibilité de voir les collections sous un nouveau jour. Pour Ellsworth Kelly, peintre abstrait américain né en 1923 à Newburgh, l'important est la structure du tableau - et non son contenu -, et l'espace qui l'entoure. Nourri de l'architecture romane, il a toujours été attentif au travail de la structure notamment chez Cézanne. L'essai d'Ann Hindry sur le travail et le parcours de Kelly, et leur entretien, donnent les clés pour découvrir son oeuvre et comprendre son dialogue avec L'Estaque de Paul Cézanne.

L'automatically take a distance with the idea of what I am looking at. I play with what I see, forget what it is, which color it is, perceive the changes through my shifting positions. I don't look at it with a thinking mind but with the possibilities of my vision. Around the actual object or shape I see the periphery ; I take in an interplay of forms. - Ellsworth Kelty, 1992.

On the Musee d'Orsay's invitation, artists of today dialogue with its collections by choosing a work they feel close to, thereby providing an opportunity to view the collections in a fresh light. For Ellsworth Kelly, an American abstract painter born in Newburgh in 1923, the most important thing is not the content but the structure of a painting, and the space around it. Basing his work on his knowledge of Romanesque architecture, he has always taken a close interest in structure, notably in Cezanne. Ann Hindry's essay on Kelly's career and work, and the interview he gave her, provide keys to discovering his work and understanding his conversation with Paul Cezanne's L'Estaque.