Outre la présentation d’œuvres controversées du peintre, représentant de jeunes filles au seuil de la puberté, l’ouvrage propose une étude sur le désir érotique dans la création de Balthus et de nouvelles indications biographiques sur ses modèles. ©Electre 2024

Balthus Jeunes filles aux chats

La fascination de Balthus pour les ambiguïtés et la face mystérieuse de l'enfance s'est traduite dans ses oeuvres les plus abouties et les plus fameuses : celles qui célèbrent les fillettes à l'âge de la puberté, entre innocence et fantaisies sexuelles, réalité et rêverie. Ces peintures ont aussi été les plus controversées : en 1934, la première exposition personnelle de l'artiste suscita un scandale. Cet ouvrage, catalogue officiel de l'exposition « Cats and Girls » du Metropolitan Museum of Art, se concentre sur ce thème, à travers une quarantaine d'oeuvres - Balthus a peu produit - exécutées pendant les années de jeunesse - les meilleures -, du milieu des années 1930 à la fin des années 1950.

Entre 1936 et 1939, Balthus a peint la célèbre série de portraits de Thérèse Blanchard, sa petite voisine de la cour de Rohan, à Paris. Thérèse a posé seule, avec un chat, ou avec son frère cadet ou son frère aîné pour ces dix tableaux. Les chats, souvent présents dans ces scènes intimes ou discrètement érotiques peuplées de jeunes filles, pourraient incarner le regard de l'artiste inscrit dans la toile.

Lorsque Balthus s'installe en Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale, il substitue à l'austérité du cadre de son atelier parisien l'ambiance chaude d'intérieurs plus colorés, au sein desquels différentes jeunes filles, puis Frédérique Tison, continuent de rêver, de lire ou de sommeiller dans des poses langoureuses.

Après avoir retracé les débuts précoces de l'artiste, Sabine Rewald souligne les correspondances entre le goût de Balthus pour les ambiguïtés de l'adolescence et celui de certains écrivains et poètes, comme Lewis Carroll, Rainer Maria Rilke, Thomas Mann, Jean Cocteau. Elle s'interroge sur les liens entre ce type d'érotisme et la création plastique chez Balthus. Cette approche est enrichie par les témoignages de plusieurs modèles du peintre recueillis par l'auteur, des modèles dont la personnalité est pour la première fois étudiée : Georgette Coslin ; Jeannette Aldry ; Odile Bugnon ; Laurence Bataille, fille de l'écrivain Georges Bataille et belle-fille de Jacques Lacan ; Frédérique Tison, nièce par alliance de l'artiste.