Le baroque religieux corse : un art vernaculaire italien ?

Revenant sur un langage subtil qui croise l'architecture, les arts, la culture religieuse, les perceptions du monde et les modes de vie, l'auteur décrypte l'art religieux baroque corse, à la fois flamboyant et chargé de prime abord, codé et minutieux à y regarder de plus près : églises et chapelles, autels et tableaux, etc. ©Electre 2025

La religiosité des populations corses a de tous temps frappé les voyageurs. La présence d'un clergé pléthorique au sein de celle-ci était aussi notée et le nombre de carrières ecclésiastiques importantes, relevé par les historiens, en constitue un indice supplémentaire. Le nombre élevé de lieux de cultes, plus important que dans bien des régions continentales, est pour autant plus surprenant dans la mesure où l'on connaît la pauvreté insigne de ces populations et la faiblesse démographique endémique.

Parmi ces centaines d'églises, chapelles, oratoires, etc. bâties dans l'île, celles de l'âge baroque - un âge prolongé en Corse jusqu'au milieu du XIX^e - constituent certainement la marque d'un dialogue intime, prolongé, complexe et intense de l'homme avec sa religion. Ce qu'illustre aussi la profusion des confréries, régulatrices strictes de cette dernière.

Revenant sur ce langage subtil qui croise l'architecture, les arts, la culture religieuse, les perceptions du monde et les modes de vie, essentiellement ruraux, l'auteur décrypte littéralement cet art religieux baroque, flamboyant et chargé de prime abord, codé et minutieux à y regarder de près.

Plus de cent-vingt lieux sont passés au crible parmi les plus remarquables, replacés dans leur propre histoire - souvent longue -, décrits et commentés en détail. L'art qui s'exprime en ces lieux, souvent marqué par la pauvreté des moyens, dénote un certain nombre de particularismes : les autels et les tableaux notamment constituent un corpus inestimable pour l'étude de l'art baroque en général, car transmis quasiment sans altération autre que celle due à leur âge et leur relatif abandon. Issu d'une zone éloignée des centres urbains, pauvre et économe en moyens, produit par des artistes de tradition souvent de second rang, l'art baroque en Corse, vernaculaire, tient sa richesse en cela même qu'il éclaire sous un angle renouvelé l'approche d'un mouvement connu pour ses excès, sa démesure, ses fastes, profondément intégré ici à la culture populaire religieuse, portée par une piété simple et profonde...