Ce carnet met en lumière le processus de création, les tentatives visuelles et les travaux photographiques de l'artiste. ©Electre 2024

« Comment relier tout ça ? Moi je ferais un détour, un peu surprenant peut-être : à mon sens cette série n'est pas sans rapport avec votre livre Caroline, Histoire n° 2. Vous vous rappelez sans doute les tatouages que Mitchum porte sur les poings dans La Nuit du chasseur : Love/Hate. Si le livre sur Caroline tire le fil de l'amour (qui découd et fait disparaître l'amant dévoué), cette série semble enrouler l'écheveau de la haine : l'amant frappe à la porte, colérique, genre Jack Torrance. Du coup, il n'est plus question ici de disparition - du moins pas celle du photographe - mais, au contraire, d'apparition ou d'irruption (ce serait ça la couche de peinture sur les images : votre patte - votre griffe et votre empreinte). Road movie, polar, mais surtout conte de sorcières : Julien Magre, à la traque d'une enfance enfuie, donne corps à un oeil-menace, aussi adulte que meurtrier. Labyrinthe du regard : lignes de fuite qui s'enchevêtrent et lignée dont nul n'échappe - tant qu'une lame dentée ne vient déchirer le point de vue. »
Rafael Garido - extrait de mail, 25 sept 2014

« How can we bring it all together ? I would make a detour that might seem a little surprising. To me, there is a link between this series and your book Caroline, Histoire n° 2. You must remember the Love/Hate tattoos on Mitchum's fists in The Night of the Hunter. While your book follows the thread of love (which unravels and makes the devoted lover disappear), this series seems to revolve around hate : the lover knocks on the door in a fit of anger, like Jack Torrance. Here, the question is not disappearance - or at least, not in terms of the photographer - but appearance or irruption (the layer of paint on the images, which is your style - your signature and mark). We see a road movie and a detective novel, but above all a witch's tale : Julien Magre, chasing an escaped childhood, reveals a menacing look that is as mature as it is murderous. This is the maze of the gaze : a tangle of vanishing lines and a lineage no one escapes - unless a jagged blade comes along and slashes the point of view. »
Rafael Garido - email extract, September 25, 2014