Photographies de caravanes ou mobile homes et de leurs propriétaires prises au fil des escapades de l'auteur dans différents campings de Belgique et du nord de la France. Différents personnages se croisent, ils expliquent ce choix de vacances ou de vie. ©Electre 2024

« ...la caravane s'immobilise et prend racine. En se sédentarisant, elle rejoint l'un ou l'autre groupement de ses congénères, et se pare parfois d'annexes fixes elle aussi. Dans le même mouvement, le mobile home devient immobile. Il arrive que des nains de jardin croisent à son pourtour. Les terrains de campings se font aussi villages, durablement implantés, peuplés de résidents tantôt intermittents, le temps des vacances ou des fins de semaines, à moins qu'il ne s'agisse que d'occupations diurnes, tantôt permanents, à demeure définitivement. La caravane sédentaire n'est plus résidence secondaire, mais bien principale. Il arrive qu'elle se double d'une autre caravane, destinée à retrouver sa fonction habituelle de transhumance des vacances et autres périodes de loisirs.

Cest ainsi que se constituent des populations d'un type nouveau. Rarement issus des beaux quartiers ou titulaires de hauts revenus, les habitants de ces campements immobilisés, si habilement photographiés par Alain Breyer, partagent des sociabilités originales souvent empreintes d'une dose plus considérable de solidarité que dans des habitats plus courants. Tous, cependant, ne sont pas arrivés dans ces villages à la suite de revers de fortune. La participation à cette forme de culture crypto-urbaine repose sur un volontariat dans lequel on pourrait déceler quelques traces de nostalgie. Celle d'un monde de quartier, de coron, de « coin » qui disparaît de l'univers citadin d'aujourd'hui.,. »
Claude Javeau Professeur émérite de sociologie De l'Université Libre de Bruxelles

« ...the caravan gets stationary and forms roots. In becoming sedentary it joins another group of fellows and it often adopts annexes itself. In this process the mobile home becomes immobile. Garden gnomes happen to cross the borders of their front gardens. The campsites become villages, solidly implanted, inhabited by casual résidents during the holidays or weekends. The daily inhabitation may lead to permanent living there. The trailer is no longer a second home but becomes the principal residence. They might double up with another caravan, destined to regain its usual function of moving people to greener pastures during the summer vacation or other periods of spare time.

And so we see the birth of a new form of population. Rarely stemming from nice neighbourhoods or being wealthy, these inhabitants of immobilised campsites, who are so skillfully photographed by Alain Breyer, possess social virtues with more solidarity than in more common habitats. Not all of them have arrived in these villages as a consequence of ill luck. The participation in this cryptourban culture rests on a. voluntary basis, in which we can detect a nostalgic trace. The world of the local area, the small village, the « corner » that has disappeared in the universe of the city.... »
Claude Javeau Emeritus Professer Free University of Brussels