Une étude critique des multiples aspects de la production de fictions en photographie depuis son origine : narration, anthropologie, esthétique, etc. ©Electre 2024

Les textes présentés dans cet ouvrage ont pour volonté de confronter les différents champs disciplinaires au statut de la représentation photographique, à l'intérieur du concept de Fiction. Citons notamment : la sociologie et l'histoire de l'art, la théorie des actes de discours, la sémantique logique et les théories de la référence, sans oublier la philosophie et la psychanalyse.

L'ensemble des opinions manifeste ici une volonté commune de construire des faits photographiques par différenciation. Ainsi, on remarquera le rapport tendu existant entre photographie et cinéma, ce qui peut distinguer la fiction de la diégèse, l'image du texte ou du discours verbal, ou bien encore le tirage photographique de l'image picturale.

La sortie de l'ouvrage en 1987 créa l'événement qui influença la production artistique et une littérature de la représentation photographique. Il fut élu parmi les trois meilleurs ouvrages de l'année par le journal Le Monde. Ce livre marque le début d'une querelle esthétique engagée entre le post-tructuralisme, néo-expressionnisme français selon Jacques Derrida, et la non-philosophie anti-expressionniste de François Laruelle ou de Alain Badiou. Toujours d'actualité, le débat reste ouvert et se poursuit avec la parution en 2002 de Utopia 3, La question de l'art au troisième millénaire, édité par le Germs dans sa collection Art et Pensée.

De l'introduction de Michel Colin à la conclusion de Ciro G. Bruni, les textes expriment, en toute liberté et de façon parfois virulente, le temps de la différence singulière propice au développement de multiples connaissances actuelles.

C'est pourquoi ce livre n'est pas un discours sur mais pour la photographie, car il étudie son statut d'art comme objet digne d'une réflexion théorique. Re-diffuser en 2003, sous cette jaquette et avec pour titre L'art du Photographique - 1er essai d'Esthétique et de Sémiologie, c'est mettre en évidence les vraies orientations d'un ouvrage si radicalement novateur et c'est pour le Germs une obligation, afin que le lecteur attentif et soucieux de ne rien perdre de la pensée contemporaine en soit gratifié.