Etudes sur Pierre Etaix, considéré comme l'héritier du cinéma burlesque de l'âge d'or : filiations, de Keaton à Guitry, importance du personnage du clown dans son oeuvre... Avec un entretien, le synopsis d'un film non tourné, BABEL (1974-1977) et les dessins préparatoires pour Le soupirant (1962). ©Electre 2024

Pierre Etaix est l'homme des combats difficiles. Considéré comme l'héritier du cinéma burlesque de l'âge d'or, son oeuvre intervient à un tournant de l'histoire, à l'époque où, sans rien perdre de son efficacité primordiale, le grand cinéma comique se trouve en risque d'être frustré de la large audience populaire qui fut toujours sa raison d'être. Le Soupirant (1962), Yoyo (1964), Tant qu'on a la santé (1965) et Le Grand Amour (1969) sont autant d'actes de foi dans la souveraineté du comique pur. Pierre Etaix prend aujourd'hui dans notre cinéma une place unique : il est, à la manière de Robert Bresson, une sorte de repère.

Cette fidélité n'implique évidemment pas une stagnation. Le respect de la tradition est relatif à l'esprit, non à la forme. On peut dire en toute exactitude que Pierre Etaix a durablement renouvelé au début des années soixante-dix les perspectives du cinéma comique avec son oeuvre ultime, Pays de Cocagne, dont la sortie créa l'événement. Reportage destructeur et irrésistible sur les français en vacances, ce film, aujourd'hui considéré comme le premier grand documentaire comique de notre Histoire, choqua et choque encore par un réalisme accablant et sans concession.

Au cirque, l'action que mena Pierre Etaix fut également exemplaire. Engagé dans la voie de l'art clownesque authentique, luttant pour un cirque de qualité, il forma avec l'auguste Annie Fratellini un duo comique admiré, digne de la plus haute tradition.

La première partie de ce livre réunit les communications présentées lors des journées d'étude "Le cinéma de Pierre Etaix" qui se sont tenues à l'Université Montpellier III les 21 et 22 février 2011, à l'initiative du département des arts du spectacle et sous l'égide du bien nommé centre de recherches RIRRA21. Il contient également, outre des dessins préparatoires au tournage du Soupirant (1962) et le synopsis entièrement inédit de B.A.B.E.L., projet de film non tourné (1977), un entretien avec le cinéaste, invité d'honneur de ces journées, qui nous parle de son art et du difficile métier consistant à faire rire les autres.