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Pierre-Jérôme Biscarat - Un village sous l'Occupation

Le quotidien insaisissable de l'Occupation : entre accommodement et répression sans pitié.
Publié le 01/12/2025
A l'occasion de l'édition 2025 des Rendez-vous de l'Histoire de Blois, Pierre-Jérôme Biscarat vous présente son ouvrage "Un village sous l'Occupation" aux éditions Passés composés.
Pierre-Jérôme Biscarat dévoile les coulisses de son enquête sur Belley (Ain) durant la Seconde Guerre mondiale. Bien qu'étant une sous-préfecture, Belley fonctionne comme un village et offre un prisme d'étude particulièrement riche en raison de ses multiples occupations successives (allemande, régime de Vichy, italienne, puis occupation totale).

L'auteur, déjà documenté sur la tragédie des enfants d'Izieu (rattaché à Belley), a choisi ce lieu pour sa complexité. L'ouvrage s'appuie à la fois sur de solides archives administratives et sur la figure de l'écrivaine juive américaine Gertrude Stein, réfugiée à Belley et dont les journaux intimes offrent une perspective inédite, quoiqu'ambiguë.

L'entretien met en lumière les multiples contraintes du quotidien : la difficulté du ravitaillement, l'inquiétude des familles concernant les prisonniers de guerre, et plus tard la question du STO (Service du Travail Obligatoire) et l'émergence du Maquis. Cependant, une déconnexion des mondes est palpable, l'auteur évoquant le concept d'"accommodement" de la majorité de la population, qui tente d'avancer malgré les difficultés.

Parallèlement, la répression contre les Juifs de France (notamment étrangers) est d'une violence extrême. L'étude révèle l'ambiguïté morale de l'époque. L'exemple du sous-préfet Pierre-Marcel Vizard est frappant : il autorise l'accueil de la colonie des enfants d'Izieu, agissant comme une "barrière morale", tout en appliquant la législation antisémite en signant des arrestations et en faisant preuve de zèle.

Cette "civilisation à l'épreuve des faits" démontre une immense complexité. Même Gertrude Stein, protégée et au "certain standing", n'évoque pas le passage d'un convoi de plus de 1000 Juifs près de Belley, illustrant comment les réalités les plus dures peuvent être ignorées. L'auteur souligne que cette micro-histoire soulève plus de questions que de réponses et invite à revoir les idées reçues sur cette période, loin des zones "lumineuses" ou "complètement sombres", dans une zone grise où l'humain et le politique se rencontrent de manière singulière.
Bibliographie