Sibylle Grimbert - Au pays des Pnines

Sibylle Grimbert partage la genèse de son essai, "Au pays des Pnines", issu d'une idée d'Amélie Petit des éditions Premier Parallèle : demander à un auteur de raconter sa relation intime avec un personnage de fiction. Pour l'autrice, le choix s'est naturellement porté sur Pnine, créé par Vladimir Nabokov.

Pnine est dépeint comme un personnage lunaire, profond et charmant, mais surtout profondément inadapté : il rate ses trains, ne s'adapte jamais vraiment aux États-Unis, et continue de mal parler anglais. L'autrice rappelle que Nabokov souhaitait faire de Pnine le personnage le plus maladroit, mais aussi le plus humain de tous. Cette figure a été fondatrice et drôle dans la vie de Sibylle Grimbert depuis sa jeunesse, servant de référence pour les situations ratées ou le manque d'adaptabilité, chez elle comme chez ses amis.

Malgré ses doutes initiaux quant à sa capacité à écrire autre chose que de la fiction, l'autrice a trouvé une structure en s'inspirant d'un ancien guide militaire destiné aux soldats américains débarquant en France, ce qui lui a permis d'adopter un ton déjà « pnien ». L'essai prend ainsi la forme d'un guide touristique pour savoir « comment se conduire » dans ce pays imaginaire des Pnines.

Sibylle Grimbert raconte sa première lecture, attirée par une couverture amusante d'une édition Folio, et immédiatement captivée par la drôlerie de la première scène. Le roman fut le premier qu'elle lut dans la bibliothèque parentale comme un pur divertissement, un livre joyeux et intéressant, loin d'un ouvrage jugé "sérieux".

L'autrice explique que le projet de collection, axé sur le lien intime, l'a amenée à déroger à sa règle et à raconter pour la première fois ouvertement des anecdotes personnelles ou vécues par des proches. Elle illustre ce « pnien » avec l'histoire d'un ami auteur, qui s'est fait ouvertement réprimander au téléphone par son attachée de presse mais qui a persisté avec une audace charmante, sans aucune autocuidance ni sentiment de ridicule. L'ouvrage est une exploration joyeuse de la maladresse comme marque d'humanité.