Un coup de coeur de Mollat
L'auteur est trop jeune pour avoir vécue ces événements mais elle livre un polaroïd impressionnant de l'Amérique de cette époque. Dans la postface qu'elle a rédigée, elle explique l'origine de son prénom, replacé dans son contexte familial personnel : « Je suis née trois ans après l'événement politique auquel je dois mon nom – la mutinerie de la prison d'Attica dans l'État de New-York en 1971 – et peu de temps après que mes parents eurent renoncé pour de bon au mouvement politique qui avait conditionné toute leur jeunesse. En 1974, Martin Luther King était déjà mort. Malcom X également. Ainsi que les deux Kennedy... Lorsque je suis née, le mouvement des droits civiques en tant que tel était terminé ».
En sauvant cette femme, le jeune avocat ne sait pas encore qu'il met le doigt dans un terrible engrenage. Le dérapage commence par un mensonge par omission qui va en entraîner un autre, puis un autre, jusqu'à tout dissimuler à sa femme qu'il ne veut pas impliquer, si bien que petit à petit tout va se déglinguer autour de lui. La situation s'aggrave encore quand la communauté noire veut faire appel à lui pour défendre un gréviste syndiqué qui a été tabassé. Car Houston est la ville du pétrole où la menace d'une grève n'est pas admissible pour les grands patrons blancs de l'industrie - d'autant plus qu'on est en pleine crise pétrolière mondiale avec bien trop d'enjeux financiers, immobiliers et politiques - et, comme va le découvrir Jay, corruption et complot au plus haut niveau...
Un somptueux roman noir, dense et passionnant, encensé par James Ellroy, qui signe un dithyrambique bandeau d'accroche : « Quelle claque ! Marée Noire est un premier roman exceptionnel, un portrait fabuleux du Texas dans les années 80, et la meilleure chronique d'une ville violente parue depuis longtemps ». On ne saurait mieux dire !