Un coup de coeur de Mollat
Chez nous, on est globalement toujours friands de ce qui parait dans la collection Petite Poche chez Thierry Magnier. Parfois hilarants, parfois horriblement tristes mais toujours très bien écrits, ces textes courts vont à l'essentiel et font souvent mouche. C'est le cas d'une des dernières parutions Tsunami de Mickaël Ollivier. Quand on le lit, on se demande quand même si c'est bien raisonnable de le mettre entre les mains d'un enfant de huit ans… enfin, sans surveillance.
Tous les matins, Damien boit son bol de chocolat au lait devant les informations. Tous les matins, il est dégoûté par la peau du lait. Et tous les matins, son père lui explique que c'est bon pour lui, qu'il ne doit pas chipoter parce qu'ailleurs, des enfants n'ont rien à manger.
Et derrière cet échange quotidien résonne le bruit du vilain monsieur à la cravate noire qui parle du 11 septembre, des tsunamis, du chômage, des épidémies, des procès, de marées noires, de politique… un flot continu d'information plus ou moins comprises qui, matin après matin, plombent l'ambiance du petit déjeuner.
Mais n'est-ce pas trop lourd à 9 ans d'essayer d'assimiler ces données que personne ne prend le temps d'expliquer ? Si, sûrement. Et forcément, on est tenté de se dire que le monde des adultes est laid, dangereux et qu'il ne sert à rien de grandir pour en faire partie. Du coup, pourquoi continuer à se nourrir, à se lever, à grandir ?
Coup de poing, coup de poignard, tsunami justement, peu importe comment qualifier ce roman, en tout cas l'effet est bien réel. Il nous montre l'importance non pas de maintenir les enfants hors du monde réel mais de leur expliquer les tenants et les aboutissants et surtout la place de chacun dans cet espace dévasté. Mickaël Ollivier nous montre qu'on ne digère pas les mauvaises nouvelles de façon innée, encore faut-il les comprendre, les assimiler et surtout pouvoir être rassuré sur la durabilité de son quotidien et de son espace de vie. Sans nous donner les réponses, il alerte sur l'impact dévastateur des JT quant à la multiplicité des détails et la recherche du sensationnalisme.
On le répète, ce livre n'est pas à lire seul. Accompagné, à la maison ou à l'école, ce texte peut générer des conversations nécessaires et parfois salvatrices.