Un coup de coeur de Mollat
Ce court texte est celui de la leçon inaugurale de Pierre Rosanvallon lors de son admission au Collège de France où il dirige la chaire d'Histoire moderne et contemporaine du politique.
Cette nouvelle chaire s'inscrit dans la filiation de ses maîtres tels Raymond Aron, Jules Michelet, Ernest Renan ou Edgard Quinet.
Là où Pierre Rosanvallon apporte de la modernité dans l'enseignement de l'histoire politique c'est avant tout dans la compréhension du politique.
Le politique, tel qu'il l'entend, n'est pas seulement l'addition de divers systèmes d'actions collectives (économiques, sociales ou culturelles), ou dans la seule étude d'une théorie politique. Il renvoie aussi à l'organisation d'une population en une vraie communauté et parle du pouvoir et de la loi, de l'Etat et de la nation, de l'identité et de la différence.Il se situe alors au delà du champ immédiat de l'action gouvernementale et de la vie ordinaire des institutions.
C'est la base de tous nos systèmes démocratiques. Alors que beaucoup repensent et remettent en question la notion de démocratie comme ordre politique moderne, souvent contrarié, utopique ou trahi ; toute l'ambition de Pierre Rosanvallon est de repenser la question démocratique dans sa propre histoire d'éllaboration à travers laquelle la cité a cherché à prendre forme.
Cette lourde tâche d'une histoire du politique prend toute son importance, dans ce nouveau siècle, au moment ou les espaces et les territoires sont perturbés sous l'effet de la mondialisation, des effets médiatiques ou simplement des guerres préventives...