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Un coup de coeur de Mollat
Vous rêvez d'un roman qui vous emporte, qui vous bouleverse, vous tienne éveillé les yeux brouillés de larmes, un roman dont les personnages vous suivraient en pensée comme le font les êtres qui vous sont les plus chers ? Ce roman est pour vous. D'ailleurs, soyons clair : si vous ne connaissez pas encore Michael Morpurgo, vous êtes au seuil d'une émotion littéraire inoubliable.
On l'aura deviné, la passion nous anime dès lors que le nom de Michael Morpurgo affleure. Son oeuvre nous enchante depuis plusieurs années et ceux d'entre nous qui ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare se mordent les doigts de ne pas avoir été plus assidus dans leur folle jeunesse aux cours qui aujourd'hui leur permettraient de lire dans le texte celui qui est l'un de nos auteurs favoris.
Angleterre, 1947. Des milliers d'orphelins emplissent les bateaux en partance pour l'Australie, contraints à une immigration organisée par la couronne. Le jeune Arthur est séparé de sa soeur aînée, ne gardant d'elle qu'une image floue, le souvenir obsédant d'une chanson et une clé porte-bonheur attachée à son cou, véritable leitmotiv rythmant les péripéties de notre héros jusqu'au dénouement final.
C'est toute une vie - et même au delà ....- que peint le subtil et sensible auteur britannique avec la large palette d'émotions que nous lui connaissons depuis le royaume de Kensuké ou encore Soldat Peaceful . Injustice, révolte, amour, générosité, espoir, mémoire : Morpurgo plonge ses personnages dans le creuset qui leur donne la vie la plus intense et les modèle jusqu'à les faire devenir des êtres de chair. C'est de cette alchimie qu'il pratique avec art que naît la magie de son oeuvre et aussi de son sens de la phrase, de cette petite musique inoubliable qui fait palpiter le lecteur au rythme des émotions d'Arthur, puis de sa fille Allie, émouvante d'obstination.
Par charité, rien d'autre ne vous sera dévoilé de cette intrigue humaniste, bouleversante qui, comme bien des romans de Morpurgo, semble au final vous avoir été racontée par quelqu'un que vous chérissez tendrement, au coin du feu, un soir d'automne précoce. De ses années d'enseignement où il inventait des histoires pour distraire ses élèves des lectures "obligées "qu'il craignait trop ennuyeuses, Morpurgo a conservé ce don de conteur qui envoûte son auditoire.
Seul sur la mer immense rejoint les grands romans initiatiques qui forcent l'admiration, aident à grandir, à rêver haut, fort et loin, à croire en l'avenir de l'Homme et peuvent faire avec profit le tour de toute la famille.