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Les âmes grises

Auteur : Philippe Claudel

Un coup de coeur de Mollat

"Quelle satisfaction de se dire qu'on ne se trompait pas..."
Quelle satisfaction de se dire qu'on ne se trompait pas, qu'on avait senti la touche qui fait l'écrivain, le vrai, dès son premier roman : c'était il y a cinq ans, un Meuse l'oubli d'une beauté terrible. Depuis, livre après livre, que ce soit dans le roman ou la nouvelle, le récit de voyage ou l'essai littéraire, Philippe Claudel batît une oeuvre hors des modes et des tendances (à moins qu'il creuse un sillon que d'autres rejoindront), servant ses histoires sombres de son écriture coupante et travaillée (hors du sentier minimaliste qui devient une autoroute très empruntée). Nous avions été enchantés par son recueil paru en début d'année (Les petites mécaniques, Mercure de France) où planait l'ombre tutélaire de Marcel Schwob. Il revient, déjà ! (mais pourquoi un bon écrivain, en veine d'inspiration, devrait-il réduire son travail ?) avec l'un des plus beaux romans de la rentrée, l'un des plus maîtrisés, des plus denses. Cette fois, on pense au grand Giono des Chroniques, le pessimiste sorti de la guerre, le lecteur de Pascal qui voit "les hommes pleins de misère". Comme chez lui, Claudel y peint des ciels brouillés, illuminant de sombre lumière ses paysages de l'Est. Nous sommes en pleine guerre de 14-18, le front, à quelques kilomètres résonne d'un fracas permanent mais la vie continue, basse, dans les petites villes alentour : on y tue, on y juge,on y crève. Le héros du livre est un policier chargé de l'enquête sur l'assassinat sordide d'une gamine. Ce crime commis pendant que le siècle entame sa folle tournée d'horreur au son de sanglants hymnes nationaux, va servir de révélateur à un microcosme qui perpétue ses rituels sociaux et son injustice institutionnelle. Anti-héros qui fuit l'héroïsme, le personnage principal qui se confie vingt ans plus tard, reconstitue pièce après pièce, l'exhumant d'une mémoire meurtrie, le puzzle sans couleur de ces années de glaise où il perdit l'amour, la foi en l'homme et le goût de vivre avec intensité. L'ensemble est d'une beauté noire et comme traversé d'éclats métalliques, parcouru du frisson que provoquent les écritures maîtrisées.
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Résumé

Durant la Grande Guerre, à côté des milliers d'hommes qui meurent chaque jour, des jeunes enfants, des femmes et des médecins sont assassinés dans l'ombre. Prix Renaudot 2003 et Grand prix des lectrices de Elle 2004 (catégorie roman). ©Electre 2024

«Elle ressemblait ainsi à une très jeune princesse de conte, aux lèvres bleuies et aux paupières blanches. Ses cheveux se mêlaient aux herbes roussies par les matins de gel et ses petites mains s'étaient fermées sur du vide. Il faisait si froid ce jour-là que les moustaches de tous se couvraient de neige à mesure qu'ils soufflaient l'air comme des taureaux. On battait la semelle pour faire revenir le sang dans les pieds. Dans le ciel, des oies balourdes traçaient des cercles. Elles semblaient avoir perdu leur route. Le soleil se tassait dans son manteau de brouillard qui peinait à s'effilocher. On n'entendait rien. Même les canons semblaient avoir gelé.

- C'est peut-être enfin la paix... hasarda Grosspeil.

- La paix mon os ! lui lança son collègue qui rabattit la laine trempée sur le corps de la fillette.»

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Fiche Technique

Paru le : 20/08/2003

Thématique : Littérature Française

Auteur(s) : Auteur : Philippe Claudel

Éditeur(s) : Stock

Collection(s) : Non précisé.

Série(s) : Non précisé.

ISBN : Non précisé.

EAN13 : 9782234056039

Reliure : Broché

Pages : 284

Hauteur: 22.0 cm / Largeur 14.0 cm


Épaisseur: 2.5 cm

Poids: 400 g