Un coup de coeur de Mollat
Durant ces longues années, quelques générations d'hommes et de femmes se sont résignées à l'autorité de la "mère-parti".
Dans un récit largement autobiographique, Ornela Vorpsi fait évoluer Elona, une jolie jeune fille de douze ans dans un monde d'adultes régi par une somme d'interdits.
Elle vit avec sa mère seule, son père étant détenu pour des raisons politiques difficilement justifiables.
Dans cette Albanie, il n'y a pas de place pour les gens sensibles ni pour les femmes qui ont tant besoin d'amour et où toute sensualité et signe de beauté doivent s'effacer jusque dans leur regard. La petite Elona, un peu plus effrontée, tente de briser ce silence, de répondre aux interrogations que peut avoir n'importe quelle adolescente de son âge. C'est dans la littérature qu'elle s'octroie une bonne dose de liberté en lisant des livres de Flaubert, Maupassant ou encore Tchekhov qu'elle aura troqué contre les bijoux de sa mère.
Ornela Vorpsi vocifère sa colère et règle ses comptes avec la "mère-parti". Elle assène son histoire et celle de son peuple sur un ton acide qui nous étouffe.
Tout comme son personnage, l'auteur a quitté l'Albanie pour l'Italie où elle a étudié l'art à Milan. Elle est aujourd'hui photographe à Paris. Elle met en scène
des corps de femmes. Les anecdotes qu'elle nous livre et son art se complètent alors.