Un coup de coeur de Mollat
Cet homme dont le métier est « d'initier autrui au sens », nous transporte dans une Europe de l'esprit et de l'humanisme.
En cinq axiomes, il développe la notion d'Europe et son ancrage dans l'histoire de la culture européenne. Sa réflexion, plus actuelle que jamais, commence à l'origine de l'essence même de l'Europe : ses cafés. Le café européen, le lieu des lieux, celui où naît la rencontre, l'échange, le débat intellectuel. Mais aussi, un paysage à « échelle humaine », celui de la marche, sans obstacle infranchissable.
Rien d'hostile donc pour le voyageur européen, dans ce jardin des lieux de mémoire où le nom des rues, des monuments et des places rappellent la richesse du passé européen. Son Europe prend ainsi sa source dans l'Histoire et plus que jamais dans notre double filiation avec Athènes et Jérusalem dont nous sommes les héritiers directs, forts de notre argumentation philosophique, théologique et politique.
Reste en cinquième point la part de pessimisme du penseur : le pressentiment de l'effondrement. Aux tragédies du XXème siècle a succédé le despotisme du marché de masse.
George Steiner espérait déjà, il y a cinq ans, que l'Europe pourrait un jour donner naissance à une contre-révolution industrielle, de même qu'elle avait engendré la révolution industrielle. Est-ce le chemin qu'elle prend avec la crise économique ?
Mais sa problématique n'est en rien la question d'Europe mais l'idée de l'Europe et si nous devons nous battre c'est pour défendre nos langues, nos traditions locales et notre autonomie sociale.
La notion d'Europe doit surmonter les fatigues de l'histoire et rêver à nouveau l'homme européen pour faire triompher les valeurs de la culture.