Un coup de coeur de Mollat
Qu'est-ce que raconter un pays sinon le peindre dans son authenticité tout en gardant cette distance que requiert un oeil étranger ?
C'est le pari réussi d'Eric Meyer qui nous raconte la Chine à travers des histoires captées dans la presse chinoise. A chacune de ces histoires, il fait correspondre un cheng yu, proverbe chinois servant à illustrer les situations de la vie quotidienne.
L'Empire Céleste sait mieux que tout autre manier le paradoxe d'une société qui se veut résolument moderne tout en gardant sa culture millénaire. Paradoxe d'une société qui envoie un homme en orbite autour de la terre mais qui ne peut offrir des congés de maternité à ses futures mères. Paradoxe d'une société où l'enfant unique est roi mais un roi sans couronne car les parents, salariés corvéables sept jours sur sept et douze heures par jour, ne peuvent lui consacrer quelques instants de complicité.
Qu'elles se déroulent dans les grandes métropoles ou bien dans des villages, ces histoires sont drôles, émouvantes parfois dramatiques mais elles ne sombrent jamais dans le voyeurisme. Pour Eric Meyer l'important est ailleurs : ces histoires disent la force d'un peuple qui n'a jamais renoncé à son identité face à l'Occident ni jamais sacrifié sa morale au nom du Parti.