Remous dans
le microcosme
C'est l'affaire du moment . Le quasi
légendaire Jean-Pierre Sicre, personnage truculent fondateur des éditions
Phébus, maison de haute tenue, a été licencié pour « faute grave » par son
actionnaire majoritaire, Véra Michalski.
Tout aurait commencé par un début de
réorganisation organisée par Véra Michalski, qui, en compagnie de feu son mari
avait sauvé la maison de la ruine en 1997. Réorganisation peu appréciée par le
fondateur qui en aurait conçu quelque amertume. S'en suivit alors un échange de
lettres recommandées dont l'ultime aurait déclenché l'ire de l'actionnaire et
jeté l'éditeur sur le pavé germanopratin. L'on eut pu s'arrêter là. C'était sans
compter sur la personnalité tempétueuse de Jean-Pierre Sicre qui prit la plume
et convoqua ban et arrière ban de son réseau d'amis à plumes afin de faire
connaître sa vérité sur l'affaire. Il semble qu'au terme de l'entretien, on n'y
vit pas beaucoup plus clair...
Et nous pauvres lecteurs, que nous reste-t-il de tout cela ? Un beau catalogue où se côtoient W. Wilkie Collins, Leo Perutz, Robert Steventon, Wallace Stenger et François Cheng. De quoi lire en attendant que tout ce petit monde s'appaise.
Un complot contre Dan Brown
?
Encore des remous, mais outre-Manche cette fois. Dan Brown
(photo), roi des best-sellers, tête de gondole cent fois couronnée d'argent et
maître du complot mystico-politique à suspense se trouve accusé de plagiat par
deux auteurs anglais qui auraient, en 1982, publié un ouvrage historique dont la
thèse – Jésus ne serait pas mort sur la croix mais aurait échappé au supplice et
aurait convolé avec Marie-Madeleine – présenterait d'étranges similitudes avec
l'intrigue de Da Vinci code. Il semble que Dan Brown ait reconnu implicitement
l'emprunt en donnant à l'un des personnages de son roman, le nom de l'un des
deux plaignants, Leigh. De son côté, l'éditeur de Dan Brown argue du fait
que les théories historiques n'ont pas de copyright...
On se souviendra
peut-être que Martin Scorcese avait en son temps déclenché la très grande colère
d'un certain nombre d'organisations religieuses chrétiennes en prêtant à son
Christ une dernière tentation fort semblable : Jésus, dans son agonie, imaginait
avoir renoncé à son destin sacrificiel pour épouser Marie-Madeleine et vivre une vie
ordinaire... Autres temps, même mœurs.
L'Ecole (buissonnière) des
Loisirs.
Le célèbre éditeur d'ouvrages pour le jeune
public est au centre de l'actualité économique. Fâchée avec son distributeur(1),
Volumen - filiale du Seuil, L'Ecole des Loisirs a, au terme d'un long parcours
juridique, choisi de reprendre ses billes et d'aller voir ailleurs. Cet ailleurs
se nomme la Sodis, appartenant au groupe Gallimard. Les experts de l'économie du
livre notent que ce départ pourrait fragiliser la santé, déjà précaire, de
Volumen. On se souvient des difficultés qu'à connu cette entreprise, fruit de la
volonté d'Hervé de la Martinière, nouveau patron du Seuil, né de la fusion de
Diff-Edit et du Seuil distribution. Cela ressemble à un débat d'arrière-cuisine,
mais ces mouvements pourraient avoir des conséquences sur la diffusion de
nombreux éditeurs dont nous apprécions tous la production. Rappelons que
L'Ecole des Loisirs n'est pas le premier a reprocher à Volumen ses ratés
commerciaux puisque les Editions Odile Jacob et le groupe Payot-Rivages ont eux
aussi rejoint d'autres cieux.
(1) Dans le but de gérer la distribution de leur production ainsi que l'approvisionnement des librairies, les éditeurs font souvent appel à des entreprises spécialisées qui stockent, expédient, facturent et gèrent les retours des ouvrages dont ils ont la responsabilité. La distribution du livre est, en outre, une des activités les plus rentables de la chaîne éditoriale. De là le grand intérêt qu'y portent les grands groupes éditoriaux.