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Ce que nous savons de Véronique Ovaldé

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Publié le 28/08/2009
Véronique Ovaldé publie en cette rentrée Ce que je sais de Vera Candida, qui,  au début de l'été, nous parvint sous forme d'épreuves sous le titre de Vies Amazones. Voilà qui a un peu troublé les libraires du rayon littérature... Pas assez pourtant pour les dissuader d'aimer ce livre.

Voilà qu'on s'était habitué à ce beau titre de Vies amazones imprimé sur les épreuves que nous trimballions depuis quelques semaines. Patatras, de retour de vacances le site nous informe qu'une alchimie éditoriale mystérieuse en a fait Ce que je sais de Vera Candida ce qui n'est pas vraiment la même chose et l'arrivée du livre que nous plaçons aussitôt avec ceux dont on parle nous le confirme. Peu importe, direz-vous, le roman reste le même, le succès sera au rendez-vous puisqu'avec son précédent roman, Et mon coeur transparent, Prix France Culture-Télérama, Véronique Ovaldé a conquis sa place dans le petit cercle des jeunes vedettes du roman français contemporain, catégorie moins de 40 ans. Mais à rebours des arpenteurs de plateaux de télévision et de studios de radio qui compensent par leurs qualités de performer la médiocrité de leur talent littéraire souvent limité à un pitch sans cesse ressassé, Ovaldé suit sans faiblir la trace qu'elle a initiée dès son premier livre et creuse son sillon où se distingue son goût pour la fable au coeur d'un monde dont le fabuleux s'est enfui. Bien sûr car elle ne manque pas de cruauté les princesses de ses contes meurent vite, disons très tôt dans ses livres, mais c'est pour mieux nous les faire regretter ensuite. Et dans ce monde d'ogres et de dragons, ce sont les messieurs que l'on déguise de méchants oripeaux, eux qui prennent les femmes, les rejettent après les avoir violées, posent un doigt sur leur maison en déclarant qu'elle doit disparaître parce qu'elle gêne la vue, eux qui couchent avec leur fille et les renvoient pleine de leur péché et de leur misérable folie. Et quand le prince charmant survient, il boîte, comme le diable, autant dire qu'on a tendance à s'en méfier et qu'il va ramer longtemps avant de séduire sa belle, fille-mère qui ne s'en laisse pas conter par sa jolie cape et son scooter. Mais la foi, la patience et l'ennui sont de précieux alliés et si l'on sait attendre on verra sourire ce brave garçon, ce gentil zorro si peu macho. Il est vrai que les histoires de Véronique Ovaldé prêtent à la caricature, c'est le danger quand on manie cette essence romanesque si inflammable : une allumette et tout prend feu, les décors, les héros de papier qui n'ont pas l'épaisseur de résister aux flammes du soupçon de bon sentiment, la mer même qui semble de carton. Ici gît peut-être le secret de sa réussite et de son charme : tout est faux et pourtant tout donne envie d'y croire, de s'accrocher au rêve funeste devenu roman au long cours, de suivre la destinée de ces femmes mal aimées, peu aimées et finalement si aimables. Tout est faux mais tout est vrai puisqu'elle l'a inventé. Mettons donc de côté ce cynisme bien en cour et, candides, nous apprendrons ce que les vies amazones ont d'exaltant. Ce que je sais de Ce que je sais de Vera Candida c'est que je l'ai beaucoup aimé et c'est déjà ça.

M.V.

Ce texte a été originellement publié sur le blog des libraires : Ces mots-là, c'est Mollat

Image : Véronique Ovaldé. D.R. (ed. de l'Olivier)