Chargement...
Chargement...

Cervantes toujours, Jospin encore...

209_cervantes-toujours-jospin-encore
Publié le 17/01/2005
L'un fête ses quatre siècles d'existence et peut se vanter d'être l'ouvrage le plus traduit au monde après la Bible ; l'autre est un pamphlet accouché sous X.

Don Quichotte et Lionel Jospin ?  Rien ne les rapproche – au grand dam du second, sans doute – sinon le calendrier éditorial. À tout seigneur – qu'est ce qu'un Hidalgo sinon un petit seigneur ? – tout honneur. On fête cette semaine les quatre-cents ans de la parution du Don Quichotte de Miguel de Cervantes. C'est en effet le 20 janvier 1605 que fut mis en vente le premier volume d'un ouvrage tout frais sorti des presses de l'imprimerie madrilène Juan de la Cuesta : L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Mancha. À peine quelques années plus tard, après un véritable triomphe espagnol, l'ouvrage était traduit en anglais puis en français. L'Europe entière suivit donc les aventures d'Alonso Quijano, nobliau déclassé rendu fou de trop de lectures, rebaptisé Don Quichotte de la Mancha pour partir à l'aventure à travers la Manche et la Castille

 

Livre novateur -  Don Quichotte est l'un des premiers romans dialogués - le chef-d'œuvre de Cervantes doit beaucoup à la vie errante et aventureuse de son auteur qui perdit un bras à la bataille de Lepante, fut capturé par un pirate barbaresque, retenu en otage, tenta quatre évasions avant d'être gracié par son geôlier, connut deux fois la prison en Espagne pour de supposées magouilles. Il doit beaucoup aussi à la lucidité sociale et poétique de Cervantès qui prête à ses héros Quichotte et Pança de beaux et nombreux traits d'esprits contre l'hypocrisie des mœurs en un temps où un pas de côté était vite et durement sanctionné. L'ingénieux hidalgo et son valet, idéalistes et chevaleresques en un monde qui – déjà – moquait ces qualités sont un miroir fidèle, cruel et drôle de leur époque. L'immense réussite de Cervantès tient certainement au fait que le lecteur, qu'il soit du XVII° ou du XXI° siècle trouvera toujours en ces pages de quoi rire et penser.

 

L'Espagne a d'ailleurs fait du fou de la Mancha un héros national, se reconnaissant tantôt dans l'idéalisme mélancolique du rêveur étique, tantôt dans le bon sens du grassouillet écuyer. C'est donc à grand renfort de millions d'euros que Madrid subventionne festivités et commémorations de part le monde durant toute l'année 2005.

 

Nous en venons donc à une autre vedette du moment, Lionel Jospin, qui – bien malgré lui – est la cible d'un pamphlet que l'on dit véhément et qui s'intitule Au secours Lionel revient ! Où l'auteur, un certain et courageux Monsieur X, que l'on murmure issu du sérail socialiste, met en garde les Français contre un éventuel retour du frisé à lunettes qui n'en finit plus de se retirer de la vie politique. De l'ouvrage qui doit paraître le 20 janvier, on ne sait que ce que veut bien en dire une presse abreuvée de bonnes feuilles par l'éditeur qui nous refait une fois encore le coup du livre mystère : présenté aux libraires dans le plus grand secret, en dehors des nouveautés habituelles, par d'extraits, un auteur anonyme, etc.… On peut sans crainte pronostiquer que le seul à profiter de l'affaire sera le compte en banque de l'éditeur.

 

Autres temps, autres mœurs dit l'adage. Mais on peut se prendre à rêver de ce qu'écrirait aujourd'hui un Miguel de Cervantes revenu d'entre les morts. Des pamphlets sous X, croyez-vous ?

 

 

En savoir plus : Don Quichotte en ligne

 

 

modernes moulins

 

 

Illustration d'ouverture : Feodor Chaliapine en Don Quichotte.