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Françoise Giroud est morte...

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Publié le 21/01/2003
La célèbre journaliste est décédée dimanche, elle avait 86 ans.

 "J'aimerais, au jour de ma mort, avoir le droit de penser que j'ai mené une telle vie. Seulement excusable." (F. Giroud)

Il y a encore quelques jours, elle donnait des entretiens promotionnels pour la parution de son prochain roman, Les taches du léopard, au mois de février. Toujours active, elle se rendait samedi à l'Opéra comique à la sortie duquel une mauvaise chute provoquera un traumatisme crânien puis le coma et enfin la mort.

Et c'est ainsi – bêtement - que disparaît une des légendes du journalisme moderne, la seule femme à avoir, vingt ans durant, dirigé un grand hebdomadaire généraliste : Françoise Giroud.

Née en 1916, la même année que François Mitterrand, à Genève dans une famille aux origines russes et turques, Françoise Gourdji débute sa vie professionnelle à 16 ans comme sténo-dactylo. Les années qui suivent la verront scripte aux côtés de Marc Allégret puis de Jean Renoir. Débute même une carrière de scénariste puisqu'elle co-écrira Antoine et Antoinette avec Jacques Becker.

La guerre viendra interrompre ce début de carrière prometteur mais lui donnera l'occasion de goûter à ce qui deviendra sa passion : le journalisme. Agent de liaison pour la Résistance, elle sera arrêtés par la Gestapo puis incarcérée à Fresne. Elle aura plus de chance que se sœur, Fleur, qui mourra en déportation.

A la libération, Hélène Lazareff la fait venir au magazine Elle dont elle deviendra directrice de la rédaction, poste qu'elle occupera jusqu'en 1953, année où elle fonde l'Express en compagnie de Jean-Jacques Servan-Schreiber. Engagée dès le début aux côtés de Pierre Mendès-France dont elle soutient la politique de retrait des colonies françaises en Indochine, elle fera de l'Express l'hebdomadaire politique le plus lu de France avec des tirages de 700 000 exemplaires, un record !

En 1974, à presque 60 ans, alors que d'autres moins volontaires songent avec bonheur à l'heure où ils pourront enfin raccrocher les gants, Françoise Giroud entame une nouvelle carrière, en politique. Cette femme de gauche, qui avait appelé à voter pour François Mitterrand aux élections présidentielles, répondra positivement à l'appel de Valéry Giscard d'Estaing, tout juste élu, qui en fera la première Secrétaire d'Etat à la condition féminine. C'est cette expérience qui lui redonnera l'envie d'écrire avec Le Goût du pouvoir, qui raconte sans complaisance son expérience ministérielle. "Je le devais aux femmes. La responsabilité des premières femmes accédant au gouvernement était si grande...", a-t-elle expliqué.

Membre du jury Fémina, Françoise Giroud a publié une trentaine d'ouvrages. Carnets de notes journalistiques, journaux, romans et autobiographies. Sa retraite journalistique l'a même vue redoubler d'ardeur puisqu'en sus de ses chroniques télévisuelles elle est parvenue à publier dix-sept titres depuis 1990.

Pour finir, c'est à Josyane Savigneau du journal Le Monde que reviennent les derniers mots :

Désormais, ce destin construit avec une énergie qui semblait inépuisable appartient à l'histoire du journalisme et à l'histoire de ce pays. Et l'on peut être certain que les biographies de Françoise Giroud, qui ne manqueront pas d'être écrites, cherchant le ressort de cette vitalité, tentant de percer le mystère de ce parcours sans faute, de ce professionnalisme absolu, feront encore longtemps rêver des jeunes filles... "