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Hommage à Aimé Césaire

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Publié le 06/04/2011
Une fresque monumentale, composée de portraits évocateurs des différentes périodes de la vie du poète martiniquais disparu en 2008, est installée au cœur de la nef du Panthéon.Hommage à un grand homme, symbole de la culture d'Outre-mer et bien plus...

Écrivain, romancier, philosophe, militant, homme politique, dramaturge, dramaturge, autorité morale, Aimé Césaire est l'une des dernières légendes du XXe siècle à s'éteindre. Né à Basse-Pointe en Martinique le 26 juin 1913, ce brillant étudiant bénéficiera d'une bourse d'étude pour s'en venir étudier en métropole. C'est d'ailleurs au lycée Louis Le Grand qu'il rencontrera cette autre grande figure noire du siècle passé : Léopold Sédar Senghor, futur poète et premier président du Sénégal indépendant. C'est de cette époque que Césaire lui même date la prise de conscience de sa « négritude », même si le terme n'existe pas encore. Les deux étudiants noirs, planchant sur leur Hegel, découvrirent cette maxime : « ce n'est pas par la négation du singulier que l'on va à l'Universel, mais par l'approfondissement du singulier ». Il leur apparaissait désormais clairement que ce serait dans l'affirmation de leur singularité qu'ils deviendraient des hommes vrais. Senghor sera aussi l'initiateur de Césaire dans les domaines des arts et lui fera découvrir la musique noire américaine et ses rythmes.

Reçu à l'École Normale Supérieure de la rue d'Ulm, Césaire devient, en 1934, président de l'Association des Étudiants Martiniquais. Ce sera son premier mandat, prélude à une longue carrière politique.

Ces mêmes années d'entre-deux-guerre le verront jeter les bases philosophiques du concept de « Négritude », en compagnie de son ami Senghor mais également de Léon-Gontran Damas, de Gilbert Gratiant ainsi que du Sénégalais Alioune Diop. Avec ce dernier, il fondera également les Éditions Présence Africaine, devenues depuis l'un des éditeurs de référence du monde Noir et caraïbe.

1939 le voit publier Cahier d'un retour au pays natal, qui reste son œuvre la plus célèbre. Politique, surréaliste, fait de mémoire et d'invention pure, ce « grand cri nègre » connaîtra une destinée universelle, inspirant les intellectuels noirs du monde entier. La créolité de l'œuvre de Césaire s'affirme aussi dans ce texte qui voit se mêler la culture classique des maîtres parisiens de son adolescence aux expressions caraïbéennes de son enfance, réinventant le poète comme figure de rencontre et de percussion, dans la langue comme dans l'esprit. En France, d'André Breton à Jean-Paul Sartre, le monde intellectuel est subjugué, tant par la beauté formelle du texte que par la colère qui en émane.

En 1945, au sortir de la seconde guerre mondiale et à l'aube des grandes guerres de décolonisation, il est de retour dans son île de la Martinique pour s'y faire élire député sous l'étiquette communiste. C'est là, en 1946, qu'il arrachera à l'État français la départementalisation de la Martinique, mettant fin de fait au statut de colonie qu'avait jusqu'alors l'île au regard de l'administration française. Devenue département, la Martinique voit également et de manière fort symbolique ses habitants accéder au statut de citoyens français. La poésie était le substrat de l'engagement du militant, la politique sera celui du poète. Césaire et ses alliés politiques feront de Fort-de-France une grande métropole, redonneront à la Martinique sa fierté et son lustre et aux Martiniquais de grandes raisons d'espérer. Chantre de l'universalité, Aimé Césaire ne poussa pas son combat jusqu'à la revendication d'indépendance pour son île, ce que lui reprocheront plus tard les plus ardents militants de cette cause.

Le Césaire politique ne tue pas le poète Césaire, loin s'en faut puisque les années qui suivent verront paraître Soleil cou coupé, La tragédie du roi Christophe, Une saison au Congo et Moi, Laminaire. Qui poursuivent la quête poétique et lyrique entamée par le Cahier d'un retour...

Hospitalisé à Fort-de-France pour de sérieux problèmes cardiaques, le poète, âgé de 94 ans, s'est éteint le 17 avril 2008. Son œuvre reste vivante, dans le cœur de ses compatriotes martiniquais, dans l'esprit de ses lecteurs, dans la diaspora noire qu'il aura contribué à révéler à elle-même.



Cent poèmes d'Aimé Césaire (Omnibus)

Discours sur le colonialisme (Textuel)

Nègre je suis, nègre je resterai (Albin Michel)

Toussaint Louverture - La Révolution française et le problème colonial (Présence Africaine)

Photographie : ©JC Benoist