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Honoré bataille pour Ma Mère

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Publié le 19/05/2004
Le cinéaste et romancier Christophe Honoré adapte le roman de Georges Bataille pour l'écran. Quarante ans après sa publication, Ma Mère fait toujours scandale...

Il y a des livres de feu auxquels les vestales de la littérature interdisent que l'on touche. Et il y a de jeunes incendiaires qui les promènent portant l'incendie à la ville. Christophe Honoré n'est pas Erostrate : c'est un incendiaire discret. Cinéaste, auteur de livres pour enfants ainsi que d'une pièce de théâtre et de trois romans publiés aux éditions de l'Olivier, il vient de mettre en scène son second long métrage en adaptant le bref livre de Georges Bataille : Ma mère.

Ouvrage scandaleux, Ma mère fut publié à titre posthume en 1966 par Jean-Jacques Pauvert. Partie d'un ensemble de quatre textes dont Madame Edwarda, Ma Mère était, à la mort de son auteur, achevé, corrigé, et prêt à l'édition. Le scandale posthume fut à la hauteur de ceux dont Bataille était coutumier de son vivant. Ma mère conte en effet l'histoire d'un jeune homme (Louis Garrel) idéalisant celle qui lui a donné le jour. Cette dernière (Isabelle Huppert), incapable de supporter la dévotion de son fils, vient à lui révéler sa véritable nature, son goût pour l'immondice, et l'initie aux plaisirs les plus contre nature. On imagine aisément l'effet que fit la publication d'un tel ouvrage dans la tranquille France gaullienne de l'avant 68.

Les livres de Christophe Honoré, qu'ils soient destinés aux petits ou aux grands, sont pleins de fils, de frères, de pères et de mères. Absents, trop présents, c'est souvent dans la tension de leur présence-absence autour du personnage central que se jouent l'intrigue et les apprentissages. Il était donc naturel que l'oeil du cinéaste rencontrât l'univers de l'écrivain-philosophe-bibliothécaire. C'est chose faite avec à la clé un nouveau scandale puisque Ma Mère, originellement programmé dans la sélection officielle du Festival de Cannes a été recalé quinze jours à peine avant le Festival. Peu importent les raisons qui ont conduit les sélectionneurs à refuser la montée des marches à Isabelle Huppert et à son réalisateur, l'effet de scandale fut suffisant pour apporter la publicité nécessaire au film qui sort ce 19 mai dans les salles.

Une presse (presqu')unanime salue la performance de Christophe Honoré qui a eu, semble t-il, la modestie de ne pas chercher à égaler son modèle et a choisi de filmer respectueusement (comme un fils ?) le roman inspirateur. A noter que certain chroniqueurs des salles obscures tireraient grand profit d'un lecture plus scrupuleuse des dossiers de presse qui leurs sont expédiés. En effet, il y a de cela quelques jours, certain présentateur d'une émission diffusée à une heure de grande écoute sur une station de radio nationale semblait tout ignorer du roman de Bataille et de Bataille lui-même. Disant sa surprise et son dégoût devant le film, il donnait là un écho bienvenu à la constante actualité de l'oeuvre de Georges Bataille, décédé il y a déjà quarante-deux ans. A voir, donc...

ma mère, l'affiche