Il semble qu'il s'agisse, sinon d'un mouvement de fonds, du moins d'une mode. A l'instar de notre très hexagonale Mylène Farmer, Madonna y va à son tour d'un livre pour enfants. Les Roses anglaises, un conte pour kids chics et " fashion " a donc simultanément paru dans près de 100 pays lundi. Ses éditeurs américains parlent d'une mise en place de près d'un million d'exemplaires dans les librairies. Ce chiffre déjà faramineux est pourtant loin du score atteint par le cinquième volume des aventures de Harry Potter dont l'édition en langue anglaise s'était vendue à plus de cinq millions d'exemplaires le week-end de sa parution. A la décharge de reine de la pop, on peut avancer qu'il ne s'agit là que du premier des cinq titres qui composent la série de ses œuvres pour la jeunesse. Le jeune sorcier anglais avait du attendre la parution du quatrième volume de ses aventures pour déclencher un " buzz " comparable à celui généré par la pop-star américaine.
Difficile pour le profane de distinguer dans cette histoire morale très joliment illustrée par Jeffrey Fulmivari (dont le nom apparaît en petits caractères sur la page de titre intérieure) un quelconque lien avec la Kabbale. C'est pourtant ce que revendique très ouvertement la madone télévisuelle avec un lien vers Spirituality for kids, site web d'une organisation qui accueille des enfants (dont la petite Lourdes, fille de qui vous savez) et leur enseigne l'accomplissement dans le respect des préceptes de la Kabbale. Cette version américaine de la très hermétique discipline spirituelle juive semble consister en divers enseignements tels que Comprendre les lois de l'Univers, être gentil avec son voisin, se laver les mains avant les repas et les dents après, ne pas prendre de drogues et respecter ses parents. Une véritable révolution intellectuelle !
Trêve de moqueries, il n'en est pas moins vrai que Les Roses anglaises sont un très joli livre, bien écrit et bien illustré. Madonna révèle ici une nouvelle facette de son talent (réel) de conteuse. Il ne lui reste qu'à travailler ses tournures et " complexifier " ses histoires pour réellement passionner son jeune public. D'aucuns insinueront que les motivations de la star ne sont pas seulement d'ordre humaniste. Il semble toutefois que le succès critique et public de ses albums la mette à l'abri du besoin ; on peut donc supposer sans risque qu'elle n'agit pas par appât du gain. L'historiette est naïve certes, mais n'est-il pas rassurant que la star la plus star du monde soit encore capable de naïveté.
L'ouvrage est certainement destiné à devenir (à raison) un " collector ", à l'instar de la précédente manifestation livresque de la vedette, le bien nomme SEX, paru il y a seulement dix ans. Quel chemin parcouru vers la rédemption ! Ce sera la bonne nouvelle du jour…
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