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Lagardère a tout VUP

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Publié le 25/10/2002
Un empire est né.

La crainte s'est faite rumeur ; la rumeur , annonce et l'annonce, coup de tonnerre. Grâce au rachat de VUP(1) par le groupe Lagardère, Hachette devient le premier éditeur et distributeur français. C'est donc Jean-Luc Lagardère qui sort vainqueur de cette double course contre la montre.

Car le temps pressait pour tout le monde. Pour Jean-René Fourtou, président de VU, pressé de réaliser au plus vite les actifs négociables du géant moribond de la communication et de l'environnement ainsi que pour Jean-Luc Lagardère et son équipe, pressés eux de voir leur offre privilégiée malgré la mobilisation croissante des libraires, éditeurs et politiques, inquiets de voir se constituer un monopole au sein d'une profession qui, jusqu'à présent avait su maintenir un fragile équilibre entre groupes industriels et PME " artisanales ". Une offre de 1,2 milliards d'euros, en dessous donc de l'estimation de Jean-René Fourtou qui espérait retirer 3 milliards de cette vente.

Voici donc constitué un groupe industriel et commercial capable de bouleverser le paysage éditorial français. En regroupant près de 80% de l'édition scolaire et encyclopédique, 40% de la jeunesse et autant pour la littérature, le nouveau groupe Lagadère se trouve dans une position jusque là inédite. Car, au delà de la seule activité éditoriale, Hachette devient également le premier distributeur national. Les deux gigantesques plates-formes du groupe (celle d'Hachette à Maurepas à la quelle s'ajoutera bientôt celle de VUP à Malesherbes) traiteront bientôt près de 50% de l'approvisionnement des libraires Français.

Ceux-ci par la voix de leur principal représentant syndical (SLF, 500 adhérents), Jean-Marie Sevestre, de la Librairie Sauramps à Montpellier, se sont émus de la cession de VUP à Hachette. Au journal Libération, Jean-marie Sevestre déclarait : " Nos craintes se réalisent. C'est l'avenir des libraires indépendants, garants du pluralisme de la création littéraire, qui est maintenant en péril. Il y a dix ans, nous représentions 30 % du marché. Aujourd'hui, nous en sommes à 20 %, mais nous avions réussi, depuis cinq ans environ, à stabiliser notre position. Maintenant... " A signaler qu'Hachette, via ses enseignes Virgin, Extrapole, Le Furet du Nord et Relay est également le second libraire du pays.

Du côté des éditeurs on n'est pas non plus resté silencieux. Antoine Gallimard en personne s'est fendu d'une interview a Libération où il annonçait (le 24 octobre) que devant "la mise en danger du réseau de libraires indépendants par un fournisseur monopolistique " il avait l'intention, en compagnie des Editions du seuil et de La Martinière, de porter l'affaire devant la commission européenne pour abus de position dominante.

La tâche des experts bruxellois s'avère complexe car pour se garantir d'un veto européen,  en acquerrant directement VUP, le groupe Lagardère n'a pas engagé directement le groupe Hachette dans l'affaire.

L'aventure est toutefois loin d'être achevée pour les deux parties, il reste encore à Jean-René Fourtou à gérer au mieux la cession d'Houghton Mifflin, filiale américaine de Vivendi. Le Groupe Lagardère est là aussi sur les rangs mais M. Fourtou juge son offre, comme celle des autres prétendants français, insuffisante (un milliard d'euros tout de même). La montre, une fois de plus pourrait tourner en faveur du " monopoliste " français, VU ayant un besoin plus que pressant d'argent frais.

(1) Vivendi Universal Publishing, qui est, comme son nom l'indique, la branche française du pôle éditorial de Vivendi Universal)