Chargement...
Chargement...

Le voleur de Sainte-Odile

193_le-voleur-de-sainte-odile
Publié le 12/06/2002
On dirait le titre d'un roman de Boileau-Narcejac, mais c'est d'Umberto Eco que s'est inspiré cet opiniâtre voleur...

'est dans une revue locale que ce professeur agrégé de mécanique, ancien élève du catéchisme d'Alain Donius, directeur de Sainte-Odile, avait découvert le moyen
d'entrer sans être vu dans la bibliothèque du monastère où, en l'espace de quelques mois, il aura dérobé près de mille cinq cents ouvrages.

Vieux de quinze siècles, l'ensemble de bâtiments a connu des fortunes diverses entre agrandissements et reconstructions à la suite de pillages et autres incendies. Une pièce secrète avait été aménagée en ces lieux, entre le choeur de l'église et la chapelle de la Croix, où se réunissaient les religieuses. Le réduit, sans doute destiné à abriter un espion, avait été condamné par la pose d'une bibliothèque bloquant son accès. Mais la cloison de bois était bien mince, trop en tout cas pour résister au talent bricoleur du cambrioleur qui eut tôt fait de la desceller. Il accédait à la pièce secrète par l'étage des carillons, puis y descendait par une trappe, découpée en son plafond, à l'aide d'une échelle de corde. Au retour, il lui suffisait de se fondre dans la masse des clients de l'hôtel qu'abrite également le monastère. Prévoyant, l'Arsène Lupin bibliomane (il signait ses larcins d'une rose) avait même conservé des sacs poubelles afin de transporter sans dommages les ouvrages rares qu'il subtilisait.

Il aura fallu plusieurs mois d'enquête, d'inquiétudes, d'interrogations et de méfiance avant de pouvoir élucider le "Mystère de la bibliothèque". C'est en utilisant des moyens techniques sophistiqués, comme les mini-caméras de surveillance, que les gendarmes locaux, appelés à la rescousse par le directeur dépassé, ont pu découvrir par quel moyen le voleur entrait dans la bibliothèque.

Arrêté, celui-ci reconnaissait sans peine son forfait et menait les enquêteurs à son appartement où il avait conservé l'intégralité des ouvrages dérobés. De l'incunable au banal livre de messe, ceux-ci étaient visiblement choisis sans distinction de valeur vénale, simplement pour l'intérêt qu'ils revêtaient aux yeux du collectionneur qui, selon les gendarmes, ne comptait pas tirer de profit financier de ses larcins. C'est aussi l'avis d'Alain Donius, en pénitence, il n'a préconisé pour sanction que des heures de travaux d'intérêt général, à effectuer au réfectoire ou au jardin du monastère.

Et pourquoi pas à la bibliothèque ?