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Michel Foucault, vingt ans après.

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Publié le 01/10/2004
On commémore cette année le vingtième anniversaire de la mort de Michel Foucault. Dossiers spéciaux, colloques, et le festival d'automne revisitent sa vie, et son oeuvre.

Il a pensé, cherché et écrit sans jamais faire système. Son oeuvre, multiforme et changeante a été diversement reçue selon les lieux, selon les époques. Et c'est sans doute cette difficulté à le saisir qui a fait sa pérennité. N'ayant jamais proposé de vision figée du monde, sa postérité n'a pas eu à souffrir de ses erreurs de jugement ou d'un quelconque dogmatisme réducteur.

Reçu en France comme celle d'un philosophe (qu'il était), son oeuvre a connu à l'étranger des destins divers, notamment aux USA. Le philosophe Vincent Descombes parle même d'un « Foucault américain », fort différent du Foucault français. Les intellectuels américains ont en effet abondamment pioché dans l'oeuvre foucaldienne avec un pragmatisme frisant l'opportunisme. C'est ainsi qu'au gré des commentaires on voyait apparaître un Foucault sociologue, historien, féministe anti-essentialiste, inventeur des cultural-studies (ces études des minorités ethniques, sexuelles ou plus simplement culturelles) ou critique littéraire. Le philosophe a, à son tour, largement contribué à cette confusion. Son oeuvre étant par essence protéiforme, il ne voyait que peu d'inconvénients à ce que sa réception le soit également.

C'est donc mille destins qu'à connu l'oeuvre variée de Michel Foucault, et c'est sous mille formes que naissent les hommages qui lui sont rendus à l'occasion du vingtième anniversaire de sa mort. Le Monde et Libération se sont chacun fendus d'un supplément. La revue Vacarmes fera paraître au début du mois d'octobre un numéro spécial Foucault et une pluie de colloques s'est abattue sur les chercheurs et autres universitaires qui, d'irlande (Remember Foucault, Dublin) à Paris (Foucault, nouveaux déploiements ), de Berkeley - bien sûr où il enseigna - à New York ou Londres où l'on explorait Michel Foucault, other questions, new paths..., courent le vaste monde pour porter ou entendre la bonne parole d'un maître qui a toujours refusé de l'être.

La France, bien sur, tient une large place dans ces célébrations. Si la quantité des hommages est mince – curieusement et malgré la présence dans ses rangs de nombreux disciples ou élèves, l'université est restée quelque peu étanche aux questionnements foucaldiens – la qualité est bien présente avec notamment une curiosité et une réussite : Michel Foucault, choses dites, choses vues, de Jean Jourdheuil, présenté cette année au Festival d'automne dont Foucault est le dédicataire. Une pièce à deux personnages dont l'un est muet. Autour d'un instrument évoquant un panoptique, le comédien égrène des fragments de textes destinés à faire découvrir au public l'oeuvre du héros absent de ce spectacle. Dans le cadre du même festival d'automne, l'artiste Thomas Hirschorn propose 24h Foucault , une installation dédiée à la pensée du philosophe...

Déchaîner autant d'hommages après sa mort qu'il fit naître de passions de son vivant n'était sans doute pas un destin rêvé pour l'oeuvre de l'incessant questionneur des mentalités qu'était Foucault. Un peu de débat donnerait certainement davantage de vie à la pensée du philosophe. Restent les textes, parfois obscurs ou contradictoires ; donc discutables, donc vivants, eux...

 

En savoir plus :

Le site du Festival d'automne
Foucault.info (en anglais), LE site de référence.