On savait, en entendant prononcer le nom de Lewis Trodheim comme président de l'édition 2007 du Festival de la BD d'Angoulême, qu'il faudrait s'attendre à un certain nombre de surprises. On n'a pas été déçu loin de là !
L'année passée fut riche en rebondissements dont le remplacement de Jean-Marc Thévenet à la tête de la manifestation par un triumvirat composé de Benoît Mouchart et Franck Bondoux, à la direction, présidés par l'expérimenté Francis Groux ne fut pas le moindre.
Vint ensuite l'heure de la programmation. Peu enclin à l'auto-sacralisation, Lewis Trondheim avait tôt annoncé qu'il voyait d'un œil moins qu'amène l'exposition rétrospective qui devait lui être consacrée. Une solution fut donc trouvée, Lewis Trondheim dirigerait une expo-parade-manifestation itinérante intitulée Les Sept Merveilles de la bande dessinée, hommage à la bande dessinée et signe de modestie de la part d'un auteur pourtant capital dans la renaissance du 9e art en France. La place de l'expo rétrospective sera occupée, à la demande de Trondheim, par Jim Woodring, un prolifique auteur américain, encore méconnu en France qui a vu ses œuvres récemment publiées par l'Association ainsi que par divers éditeurs plus confidentiels. Pédagogie, donc…
Mais ces changements de têtes dissimulent également un changement de philosophie. En effet, il semble que la nouvelle direction envisage de privilégier l'art et le spectacle au détriment du marché. En témoigne le déménagement des stands d'éditeurs et de libraires spécialisés en périphérie d'Angoulême pour laisser un maximum d'espace aux expositions et autre animations : bataille d'improvisation avec comédiens et auteurs, concert exceptionnel de Brigitte Fontaine et performance de 24 auteurs réalisant en vingt-quatre heures – et en direct - une BD de 24 pages.
Autre accroc à la tradition, les prix du festival, traditionnellement décernés en ouverture de la manifestation, seront cette année annoncés le samedi soir. L'Alph'art, qui avait remplacé l'Alfred sera à son tour mis en retraite au profit d'un nouveau trophée dessiné par le père de Lapinot.
On assiste donc à un retour en fanfare de la BD spectacle, contrepoint indispensable à une – sans doute - trop grande sacralisation des auteurs des années passées. Trondheim, Johann Sfar, Manu Larcenet ou Marjane Satrapi ont depuis longtemps prouvé que l'on pouvait conjuguer le succès public et une exigence créatrice sans faille. Au public de le découvrir, en s'amusant.
En savoir plus :
Le site du Festival d'Angoulême : [voir]
Le site de Jim Woodring : [voir]
Photo : Lewis Trondheim © FIBD
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