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Stockholm noir

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Publié le 13/04/2011
Un livre, un film Un regain d'intérêt pour les livres de Jens Lapidus a intrigué vos libraires du rayon Polar, avant que d'en apprendre la raison par un aimable client qui sortait du cinéma voisin et voulait acquérir l'ouvrage dont il venait de voir l'adaptation...
Sous le titre anglais Easy Money se cache donc un film suédois, réalisé par Daniel Espinosa – suédois aussi, son nom ne l'indique pas - sorti dans les salles obscures de l'Hexagone le 30 mars dernier, tiré du premier volet de la trilogie de Jens Lapidus, Stockholm Noir, à savoir Argent Facile - traduit en France par les Editions Plon en 2008, paru depuis en format poche dans la collection Pocket.
Jens Lapidus, jeune avocat et écrivain de 36 ans, est entré par la grande porte du polar avec cette ambitieuse trilogie, qui n'a rien à envier aux maîtres américains. Tous les ingrédients du genre sont là : prostitution, narcotrafic, crime organisé, qui montrent une facette méconnue de Stockholm, bien éloignée des atours de la ville touristique que montrent les magazines. Livre nerveux, syncopé, Argent facile fait penser à James Ellroy par son style et par son côté roman noir sans rémission. L'adaptation cinématographique relevait du défi ! Le réalisateur Daniel Espinosa (dont c'est le troisième film et le premier que l'on peut voir sur les écrans français) s'en sort magistralement : son film est fidèle à l'histoire originale, le rythme percutant, les acteurs excellents. Pour filmer Stockholm, le choix du cinéaste s'est porté sur des couleurs froides : des tons de bleu, gris, vert, blanc, noir - l'envers du décor est glacé, accentué par une vision de l'architecture urbaine, moderne et esthétisante.

Pour en venir à l'histoire, le personnage principal est un jeune étudiant en école de commerce, beau, grand, élégant, cheveux gominés, costume chic, qui répond au nom minimaliste de JW, deux initiales. Sous la lisse gravure de mode se cache un jeune homme qui fréquente la mafia locale, convoie des paquets douteux, deale de la cocaïne... Car JW a un compte à régler avec ses origines modestes et son ambition clairement affichée est la réussite sociale, laquelle, bien sûr, va de pair avec le fric. Il fait brillamment illusion lors des fêtes d'étudiants riches dans lesquelles il se glisse, à l'aise comme un poisson dans l'eau - conversation, champagne, maintien, vêtements à la mode dernier cri. Lors d'une soirée, une jeune femme va tomber sous son charme, la séduction est mutuelle, ils se plaisent, se rapprochent. Ils vont s'aimer, et si les sentiments de JW semblent sincères, il se garde bien évidemment de lui parler de sa double vie... Mentir devient sa seconde nature. Il prend des risques en se lançant dans une mission délicate qui lui est confiée : sauver un dealer échappé de prison, qui appartient au gang en place, il réussit, le planque dans sa chambre d'étudiant, ce qui lui vaut en récompense considération et rémunération financière mafieuse. La vie est belle.

Tout pourrait rouler ainsi, amours, argent, vernis social, mais un jour JW franchit le cap de non retour en acceptant de mettre au point une combine bancaire, afin de blanchir l'argent de la drogue. Le vent tourne alors : n'ayant plus besoin de ses services, ses amis malfrats ont bien envie de se débarrasser de lui. La peur le gangrène, il essaie de sauver sa peau en se vendant à une bande rivale. Au point où il en est, JW est prêt à tout, y compris à la trahison. L'acteur Joel Kinnaman impressionne par sa transformation : le beau gosse se liquéfie, sur son visage défilent les cauchemars et insomnies qui empoisonnent ses nuits. Regard fiévreux, hanté, corps tétanisé, éclats de colère, souffle coupé, gestes crispés – il fait peur à la femme qui l'aime, qui ne le reconnaît plus. On se doute que l'histoire va mal finir, et que tous les protagonistes n'en sortiront pas vivants mais chut, n'en disons pas plus, suspense oblige.

PS : Mafia blanche, le deuxième tome de la trilogie est sorti en France en 2009, aux éditions Plon. Les lecteurs impatients seront ravis d'apprendre que le troisième volume est à paraître en Suède cet été, tandis que la traduction française est annoncée pour 2012.




Bibliographie :

Stockholm moir, volume 1 : Argent facile (Pocket)

Stockhom noir, volume 2 : Mafia blanche (Plon)