Le capitaine écarlate est une rêverie magnifique inspirée par Marcel Schwob sur les pouvoirs infinis des livres. La Guerre d'Alan (qui se prolongea en série) est la mise en image de la vie d'un vieil homme qu'Emmanuel Guibert connu dans les années 90. Imaginaire d'un côté, biographie de l'autre, deux genres apparemment opposés, unis par un dessin n'évoquant spontanément rien de connu, et qui, au fil des ans, s'est fait de plus en plus aérien, liquide, souverain.
Découvert par le grand public à partir de 2003 avec la trilogie du "Photographe" dans laquelle il retraçait le parcours afghan durant les années 80 de Didier Lefèvre. Œuvre singulière et touchante qui interrogeait aussi bien les rapports entre photographie et dessin, que les questions de narration. Il ouvrait ainsi, avec dix ans d'avance, la voie à la bande dessinée de reportage.
Véritable "fou de dessin" il est aussi l'auteur de carnets, de croquis sur le vif de ses flâneries, dont l'élégant "Pavé de Paris".
Enfin, il est le scénariste de deux formidables séries pour la jeunesse qui ont fait le bonheur de bien de parents: la délirante "Sardine de l'espace" avec Joan Sfar et le délicat "Ariol" avec Marc Boutavant.
Il nous en avait parlé à Manosque en 2016 dans la vidéo ci-dessous.
Bravo à Emmanuel Guibert pour ce grand et beau prix qui fait notre joie!