Peu de mots donc sur sa vie, tout comme dans ses bandes dessinées. Nicolas Presl est un joueur OuBaPien* lorsqu'il nourrit son travail par la contrainte du muet. Nicolas Presl est aussi un conteur, quand il s'inspire des montreurs d'ours pyrénéens pour inventer une fable douce-amère. Et puis Nicolas Presl est quand même et surtout un artiste à la touche noire d'encre et d'expression. Des corps distordus pour montrer un cri, une joie, un étonnement et une déstructuration par la case elle-même. Des personnages en marge de la société, avec des questionnements, des douleurs, des incompréhensions. L'altérité. Dante, Picasso, Grosz, la Renaissance italienne et flamande, les références sont nombreuses chez cet auteur talentueux.
Dans Le fils de l'ours père, il est question d'un homme, d'une femme et d'un ourson. Ourson qui devient ours et qui s'émancipe, jusqu'à la naissance d'une nouvelle créature. Créature qui grandit aussi, et démarre sa quête identitaire en ville… Une plume poignante, des corps qui expriment bien plus que des mots. Un silence criant de beauté. Un livre enivrant.
*OuBaPo : acronyme d'Ouvroir de Bande Dessinée Potentielle. Créé par L'Association, ce jeu de contrainte artistique volontaire est le pendant en bande dessinée de l'OuLiPo de littérature, initié par Raymond Queneau.