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La Série noire est morte, vive la Série noire !

Publié le 02/10/2007
La Série Noire grandit. Fondée en 1945 par Marcel Duhamel, la plus célèbre des collections noires joue des muscles et prend des épaules. Les nouveautés sont désormais publiées en grand format mais conservent leur costume jaune et noir. Quant au fonds : petite visite de la malle aux trésors du rayon Polars.

Alors que son premier format disparaît définitivement, certains des titres du fabuleux fonds de la Série Noire sont toujours disponibles. C'est l'occasion rêvée pour découvrir ou redécouvrir d'immenses classiques ou de formidables curiosités. Parmi ces titres, citons pêle-mêle plusieurs générations d'écrivains comme Dashiell Hammett, Raymond Chandler, James Hadley Chase ou Peter Cheyney, mais
encore Jean-Claude Izzo, Jim Thompson, Jean-Patrick Manchette ou Chester Himes (dont une parution est annoncée dans l'excellente collection Quarto) ; sans compter d'innombrables « sans-grades » de la littérature policière, dont certains confinent tout de même au génie...

Autre mérite : la Noire fut également un grand révélateur de talent, souvent avant l'heure, comme George P. Pelecanos, Tony Hillerman, Alan Furst (auteur du remarquable Royaume des Ombres, à l'Olivier) ou encore Robert Crais.

Souvent, aussi, nombre d'auteurs connus ont écrit sous pseudonyme, comme Jean Amila (Jean Meckert, réédité avec constance par Joelle Losfeld), Paul Clément (Jacques-Pierre Amette), Paul Benjamin (un certain Paul Auster!), ou encore Ange Bastiani (Maurice Raphaël) pour ne citer qu'eux...

Attention, certains des titres évoqués ici sont (évidemment et malheureusement) totalement épuisés !

Stanley Crawford, Le Grossium
Comment construire un excellent (et, forcément, surprenant!) suspense avec des feux rouges, une voiture, son occupant et un téléphone ? La réponse est dans le Grossium...

A.D.G., Je suis un roman noir
Le mauvais garçon de la collection montre ici ses penchants pour les constructions tordues et les jeux de mots à l'emporte-pièce.

Jim Thompson, Le lien conjugal
« Big » Jim Thompson est un des chantres du roman noir américain. Il signe ici un livre très singulier, où il épingle à la fois les arnaqueurs et le grand amour. Un bijou.

Ken Bruen, Delirium Tremens
Jack Taylor est irlandais, cynique, désabusé, alcoolique et pince sans rire... Un pur produit de la série noire, en somme...

Richard Stark, Comme une fleur
Donald Westlake, sous pseudonyme, inaugure la série du mythique Parker avec ce titre dur et violent. Un début de série staccato !

Henri Viard, La Bande à Bonape
Pantalonnade empreinte de classe et de malice, cette remise en perspective de l'histoire napoléonienne laisse pantois de jubilation.

Aguinaldo Silva, La république des assassins
Un roman brésilien « concentrique », d'une noirceur inégalée et d'une rare originalité dans une collection pourtant peu avare de ce genre de tentatives! Un « must ».

Ned Crabb, La bouffe est chouette à Fatchakulla
Portrait croustillant d'un certain american way of life (sic), ce déjanté roman d'investigation ne nous amène jamais là où on le pensait... Et méfiez-vous du chat qui dort.

Harry Crews, La Foire aux serpents
Une ambiance terriblement moite pour une chronique inattendue de la vie à Mystic, Géorgie. Vénéneux, pour le moins...

Davis Grubb, La Nuit du chasseur
Harry Powell (Robert Mitchum à l'écran dans un rôle mythique) trompe toute une communauté et se présente comme un rédempteur, grâce à ses prêches habités rendus fascinants par les tatouages sur ses doigts - les fameux love et hate - et la gestuelle hypnotique de ses mains. Immense !

Ken Greenhall, Baxter ou Des tueurs pas comme les autres
La complicité meurtrière d'un enfant et d'un bull-terrier. Une singulière vision de l'adolescence, sauvage et morbide.

Lawrence Block, Un ticket pour la morgue
Septième volet de l'excellente série mettant en scène le privé Mathew Scudder - ici confronté à un tueur assoiffé de vengeance. Une sordide plongée dans les bas-fonds de New York.

David Goodis, La Pêche aux avaros
Le "Lautréamont du Polar" comme se plaisait à l'appeler Michel Lebrun, signe ici un de ses titres les plus ambitieux, où les grands thèmes de l'auteur apparaissent : la fascination pour le crime, l'alcool omniprésent, la beauté froide et fatale, corsée par les obsessions ambigües des personnages, le tout dans une ambiance délétère à souhait !

Jean-Bernard Pouy, La pêche aux anges
Une écriture implacable et limpide pour évoquer un sujet difficile, soit l'enlèvement d'enfants. Comme toujours, la dérive vue par Pouy a des accents poétiques.

Scott Phillips, La moisson de glace
Petit régal enneigé se situant au Kansas, La Moisson de Glace met en scène un avocat véreux, Charlie, qui décide de tout plaquer ("famille" et associés) et de s'octroyer la plus grosse part du gâteau (Noël oblige). Avant de quitter la ville, il fait ses adieux à quelques-unes de ses connaissances et se trouve entraîné dans un tourbillon de neige, d'ennuis et de verglas...

Bibliographie